La voie courant toujours au S.-O., coupe de l'angle N.-E. à  l'angle S-O, l'enceinte,  à peu près  démantelée aujourd'hui, dans laquelle les habitants de Blida voulaient reconstruire leur ville: après le tremblement de terre de 1825.

Des orangeries, véritables forêts, annoncent l'approche de Blida.       ..

51 k. Blida, V. de 23,686 hab., est située à 260 m. d'alt., à 1 k. de la gare sur l'oued el-Kebir, tributaire de la Chiffa, à l'entrée d'une vallée très profonde à l'extrémité S. de la Mitidja, au pied de l'Atlas qui l'abrite du côté du midi. Le dernier contrefort auquel elle est adossée, couvert d'arbres et cultivé jusqu'à son sommet, lui verse, des eaux abondantes qui alimentent ses nombreuses fontaines et arrosent les jardins et les orangeries dont elle est entourée.

La ville est entourée d'un mur en pierre de 4m. de hauteur, percée de 6 portes : d'Ez-Zaouïa, au N.; d'Alger et d'Er-Rabah, à l'E; de Bizot au S.; du Camp des Chasseurs et d'Es-Sebt à l'O. Une ouverture, faite à l'extrémité N.-E. de la rue de l'Orangerie, constitue une septième entrée. Le fort Mimich, sur une colline haute et escarpée de la rive g. de l'oued el-Kebir, à 400 m. au-dessus du niveau de la mer, complète le système de défense de Blida.

Ainsi que la plupart des villes de  l'Algérie, Blida est un mélange de constructions arabes et françaises; ces dernières atteignent quelquefois un cinquième étage; mais le nouveau tremblement de terre du mercredi 2 mars 1867, même date et même jour qu'en 1825 est venu démontrer une fois de plus l'imprudence des architectes .et des spéculateurs. 

 

Au commencement du XVI° s., Ahmed-el-Kebir, marabout venu de l'E., plante sa tente au pied de l'Atlas, près de l'oued-el-Kebir, chez les Béni-Salab. Quelques familles andalouses, chassées d'Espagne, s'établissent  bientôt auprès d'Ahmed, important dans le pays la culture de l'oranger. Plus tard, Kheir-ed-Din, fondateur de la régence d'Alger, visite le marabout et, voulant se le rendre favorable, décide la construction d'une mosquée, d'une étuve et d'un four banal sur l'emplacement occupé parles Andalous, entre la place d'Armes et le marché européen actuels. Blida, la petite ville, était fondée, 1535 (942 hég.)-   

 

Blida prospéra par le charme de son site; la vie heureuse qu'on y menait, et l'aménité de ses habitants, si bien que Sidi Youcef de Miliana, qui n'avait que des sarcasmes pour les villes et les gens de l'Algérie, surnomma Blida : Ouarda, la petite rose, nom qu'elle devait bientôt changer eontee celui de Kkaâba, la prostituée, alors que les Turcs de l'odjak et les corsaires renégats en avaient fait le centre de leurs débauches avec l'argent volé à la chrétienté entière

Les  choses allèrent  ainsi   jusqu'au jour où un  tremblement de terre détruisit Blida (mars 1825). Après ce désastre, les survivants tracèrent, une autre enceinte à Grotmellal, 2 k. plus loin au N.-O, ; mais les constructions de la nouvelle ville ne furent point continuées, car en 1830.Ie 25 juillet, lors de l'excursion militaire du général de Bourmont, l'armée trouva Blida encore debout et rebâtie en partie. Le 19 novembre de la même année, le maréchal Clausel n'y put pénétrer qu'après un combat sanglant, et l'évacua ;après son retour de Médéa. Le 20 novembre 1834, Blida refuge des mécontents, fut prise, saccagée, puis évacuée par le duc de Rovigo. Le  3 mai 1838, le maréchal Vallée l'occupa sans coup férir ; afin de ne point provoquer lémigration, les troupes s'établirent hors de l'enceinte, dans deux camps, l'un, dit Camp supérieur, àl'O., sur l'emplacement où a été construit depuis le village de Joinville, et l'autre, dit Camp inférieur, à, l'E., à. l'endroit où s'élève celui de Montpensier. Mais, en 1839, les nécessités delà guerre firent définitivement occuper Blida. Blida est auj. le siège d'un conseil de guerre et d'un tribunal de 1er instance. Les cultes catholique, protestant, israélite et musulman y ont leurs officiants.

 

De la gare une avenue, d'où l'on découvre l'immense panorama de la Mitidja terminée au N. par le Sahel, aboutit à la porte d'Es-Sebt, par laquelle on entre en ville.

Blida, qui n'a de remarquable que sa position au milieu de forêts d'orangers et d'oliviers, possède des places et des rues bien alignées et quelques monuments. La Grande-Rue, les rues Bab-es-Sebt, Bab-er-Rabah  et d'Alger aboutissent à la place. d'Armes (Pl. G, 3) ou Bab-es-Sebt, entourée de maisons à arcades, occupées par les principaux cafés, entre autres celui de Laval, rendez-vous des officiers. — De la place d'Armes le touriste pourra se promener au hasard dans la ville; le quartier arabe se trouve dans la partie S.-E.

L'angle S.-E. de la place d'Armes touche à la place Saint-Charles, sur laquelle s'élève l'église du même nom, construit dans un style qui n'est pas positivement le style roman; l'extérieur est plus monumental que l'intérieur; le choeur est peint et doré à neuf.

Une chapelle protestante, de style gréco-romain, décore l'angle S-0. de la place Bab-er-Rabah (Pl, D 4).

Le collège communal est fort bien installé rue Bizot, depuis 1874 (Pl. C, 4).

L'hôpital (Pl. D, 2, 3), aux constructions importantes et bien aménagées, est entouré de beaux et vastes jardins. — Les casernes, avec les bibliothèques militaires de la rue Bab-es-Sebt, sont remarquables. — Le dépôt de remonte (Pl. G, 1, 3), qui occupe tout un quartier de la ville, a des boxe pour 500 étalons dont quelques-uns viennent de Syrie. — Le théâtre se trouve dans l'avenue de la Gare,à dr.

Les magasins à tabac, extra muros, pouvant contenir 1 million de kilog. de feuilles de tabac, sont encore d'importantes constructions.

De la ville mauresque, il ne reste dans le centre ville que deux mosquées sur quatre qu'elle possédait autrefois : djama Sidi Mohammed-ben-Sadoun, rue des Coulouglis (Pl. C. 3), et djama El-Terk, rue du Grand-Café (Pl. G, 3) où, du temps des Turcs, le hakem ou gouverneur rendait la justice. En face de cette mosquée, assez curieuse à l'extérieur, existe une petite maison arabe à un rez-de-chaussée, percé de trois arcades; c'est encore le Grand Café (très exigu) donnant son nom à la rue et dans lequel le hakem se tenait plus souvent que dans la mosquée. C'est dans le haut de la ville, au delà de la  place du Marché arabe, qu'il faut chercher les quelques maisons mauresques à un rez-de-chaussée, qui constituent l'ancienne Blida, et dont quelques-unes sont occupées par des tisseurs de burnous; celles qui sont badigeonnées en bleu ou en rose appartiennent aux Israélites.

Grâce à l'oued el-Kébir, Blida, qui par les canaux de cette petite rivière est déjà une ville agricole, devient également  une ville industrielle (minoteries, fabriques de pâtes alimentaires et de papier; pressoirs à huile)

 

 

 

On visitera :

— au N., les orangeries qui comptant, non compris 40,000 jeunes plants ou pourettes, près de 50.000 orangers, citronniers, limoniers, cédratiers et orangers chinois dont les produits sont, bien connus aujourd'hui sur les marchés de Paris, et sont exportés au nombre de 5 à 6 millions d'oranges;

— au S.-E., en sortant de Bab-er-Rabah, près de l'oued el-Kébir, le cimetière où sont enterrés Ahmed-el-Kebir et ses deux fils, non plus dans les koubbas traditionnelles, mais sous des cubes on maçonnerie terminés en coupoles et contenant une niche pour les offrandes et surtout les cierges. Ces édicules et d'autres très nombreux, blanchis à la chaux tous les ans, ombragés par un fouillis d'oliviers et de micocouliers, offrent un très pittoresque tableau; plus au S. et sur l'oued el-Kebir, minoteries françaises et moulins arabes;

— à l'O-, en sortant par la porte Bizot, le jardin public et le bois sacré d'oliviers séculaires abritant l'élégante koubba de Sidi Yakoub-ech-Chérif,* contemporaine d'Ahnied-el-Kebir.