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le  Centre de  Documentation  Historique sur l'Algérie

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BLIDAH

Blidah, au sud-ouest et à 51 kilom. d'Alger, est situé tout au pied du versant septentrional de l'Atlas, à peu près vers le milieu de la plaine de la Mitidjah. Son élévation au-dessus du niveau de la mer est d'environ cent quatre-vingts mètres. La ville est assise sur un terrain plat et sans accidents, et dominée au midi, sur la moitié de son développement, par les masses hardies et superposées de l'Atlas, dont le pied commence à quelques centaines de mètres. En face, la montagne forme un vaste demi-cercle, se déploie en amphithéâtre et verse, tout autour de la ville, les eaux de l'oued El Kébir qui arrosent et fertilisent une grande partie du territoire. C'est à l'abondance de ces eaux habilement distribuées que Blidah était redevable de la belle et riche forêt d'orangers au milieu de laquelle cette ville se tenait, pour ainsi dire, cachée. Magnifiques plantations que la guerre actuelle a sacrifiées en grande partie, et que la paix ne rétablira que difficilement.

Adossé au massif de l'Atlas, Blidah, du point élevé et central où il se trouve, offre un des plus beaux spectacles que la nature ait créés. Le regard embrasse de là une vaste étendue de la Mitidjah. A l'ouest il plonge et se perd dans les profondeurs de la plaine des Hadjoutes, et va s'arrêter sur les montagnes voisines de Cherchell ; du même côté se développe, avec ses mille accidents, toute la ligne de l'Atlas, dominé ça et là par les crêtes qui fuient dans la direction de Milianah. En face, et sur une étendue considérable, l'horizon est borné par les collines du Sahel. La montagne du Chénois qui cache le port de Cherchell, le tombeau de la Chrétienne, au pied des collines le lac Eloula, plus loin la vue de la mer à travers la coupure du Mazafran, plus loin encore Coléah, Douera, Bouffarick, enfin Blidah lui-même, avec tout son luxe de végétation, forment les principaux détails de cet immense et riche panorama.

On ne trouve à Blidah aucune trace de travaux antiques. La tradition locale fait remonter son origine à l'époque de la conquête turque, et lui donne pour fondateurs une famille de marabouts. Les tombeaux très remarquables et très vénérés de ces personnages existent encore aujourd'hui dans un village situé à une heure de distance dans la montagne, près de la source de l'oued El-Kébir. Quoi qu'il en soit de cette tradition, Blidah, grâce à son heureuse situation, à son territoire fertile, à son climat salubre, était devenu promptement l'une des villes les plus importantes et les plus riches de l'intérieur. En 1825, époque du tremblement de terre qui renversa cette ville en grande partie, dispersa ou fit périr plus de la moitié des habitants, la population s'élevait de quinze à dix-huit mille âmes.

La ville, entourée d'une muraille de terre, était bâtie en pisé blanchi à la chaux ; les habitations étaient couvertes en terrasses et assez commodes. Elles se composaient généralement d'un rez de chaussée formé de plusieurs appartements, avec une cour intérieure au milieu, ornée fréquemment d'une galerie et plantée d'un ou plusieurs orangers. La ville renfermait un assez grand nombre de fontaines publiques, plusieurs bains maures; les édifices religieux étaient en très petit nombre; on y compte aujourd'hui quatre mosquées, dont la plus remarquable, nommée Djema-el-Kebir, a été consacrée au culte catholique.

Blidah était pour les Arabes la ville du luxe et des plaisirs; aujourd'hui encore, malgré l'occupation française et les changements rapides que cette occupation entraîne après elle, les fêtes se continuent toujours, et sont, pour ainsi dire, permanentes dans la population indigène. Cette ville était en même temps un grand centre qui mettait les populations de l'intérieur en contact avec la côte, et où venait aboutir presque tout le commerce d'une grande partie de la plaine, de la montagne, de la province de Titteri et même du haut Chélif. L'industrie locale avait également beaucoup d'activité ; moins luxueuse que celle d'Alger, elle s'appliquait particulièrement à l'utile; sous ce rapport, l'industrie européenne, appelée à la remplacer, ne pourra peut-être la surpasser que par la perfection de ses procédés. Les eaux de l'oued El-Kébir, habilement ménagées, faisaient mouvoir, dans un espace de moins de 4 kilom., une quinzaine de moulins à blé. Leur rétablissement rendra plus tard à Blidah son industrie principale. De nombreuses tanneries préparaient les peaux d'un rayon très étendu. A ces industries importantes Blidah joignait des teintures assez renommées, la préparation du maroquin, la fabrication d'articles d'habillement, de chaussure, d'équipement, d'harnachement, d'instruments aratoires  et d'un peu de quincaillerie. On peut citer également au nombre de ses industries son horticulture savante, dont une partie des produits servait à l'alimentation d'Alger.

Le tremblement de terre de 1825, suivi, quelques années après, de la conquête française, fut le terme de la prospérité de Blidah. Désormais le rôle de la population indigène est fini. A la rupture de la paix, la moitié de cette population, réduite alors a moins de six mille ;lmes, émigra. Les deux années suivantes, époque des plus désastreuses, mirent le comble à la désolation de cette terre, magnifique encore au moment de la reprise des hostilités. Toute activité cesse; les cultures disparaissent, et  avec elles les deux tiers des orangeries, les jardins et les délicieuses habitations de l'extérieur de la ville; el!e-même n'est presque plus qu'un amas de ruines où la misère fait périr tout ce que l'émigration n'a pas emporté.

Cette année a ouvert pour Blidah une époque de renaissance.. La soumission des tribus, en ramenant la sécurité, a donné tout à coup à la ville, jusque-là sans mouvement, une physionomie, une animation toutes nouvelles. Les grands travaux commencés, dès l'an dernier, par l'administration de la guerre, ont redoublé d'activité. L'enceinte de la ville a été agrandie; des casernes pour une forte garnison, un hôpital militaire, des magasins de vivres, un parc aux bœufs ont été construits; d'autres travaux de ce genre se continuent. L'administration civile n'est pas restée en arrière; dès l'an dernier un nouveau plan de la ville était arrêté ; des fontaines et des égouts étaient construits dans presque tous les quartiers. Aujourd'hui des places se dessinent, se nivellent et se bâtissent; des rues nouvelles, coupées à angle droit se percent et animent des quartiers autrefois isolés et sans mouvement. Excitée par le besoin impérieux de se loger, et par le prix très élevé des loyers, la population civile a mis elle-même la main à l'œuvre avec une activité extraordinaire, qui va s'accroître encore maintenant que la spéculation, déjà resserrée à Alger, se porte sur Blidah avec ses capitaux, son esprit actif et aventureux.

A l'extérieur, d'importants travaux s'exécutent pour le rétablissement des irrigations et la restauration des orangeries, les propriétés se réparent, de nombreux jardins sont en culture et suffisent déjà à la consommation locale.

La ville, presque dépeuplée les années dernières, renferme aujourd'hui plus de cinq mille habitants, sans compter les troupes de la garnison. La population européenne, forte maintenant de plus de douze cents âmes, a doublé depuis le commencement de l'année.

Dans le même laps de temps, toutes les professions et les industries utiles que le pays réclamait ont été fondées. Le commerce y a jeté de profondes racines, et trouve déjà, dans Méde'ah et Milianah, de précieux débouchés.

Les relations commercialess ont recommenée dès le lendemain des soumissions. Blidah est redevenu de suite, pour les Arabes, un des principaux marchés de l'Algérie. Leurs importations consistent en bestiaux, chevaux, bêtes de somme: en céréales, peaux, laines, charbons, bois à brûler, etc. Ils remportent en échange des fers bruts, quelques articles de mercerie et quincaillerie, et des tissus de coton, dont il a été vendu d'assez grandes quantités depuis les soumissions.

Jusqu'ici l'agriculture proprement dite n'a pas été abordée : les bras, le temps et les capitaux ont manqué. Elle trouvera d'immenses ressources sur ce sol fertile et arrosé, propre à toute espèce de culture, mais qui, par sa nature toute particulière, appelle principalement des plantations de tous genres, et surtout des plantations de vignes, dont les produits seront excellents.

En examinant tout ce que l'activité européenne a créé ou réparé en si peu de temps sur ce point, en tenant compte des ressources bornées dont elle a disposé, des difficultés qu'elle a eu à vaincre, on reconnaît que tout ce qu'il était possible de faire a été fait, et que le pays marche rapidement vers une complète régénération.

Il nous reste maintenant à jeter en avant un coup d'œil rapide. Si l'influence de Blidah a pu se faire jour à travers la décentralisation extrême d'un pays morcelé à l'infini; si le développement de sa prospérité a résisté à une civilisation hostile à toute espèce de progrès, que ne doit pas être l'avenir de cette ville, placée désormais au centre et pour ainsi dire au foyer de la civilisation la plus active et la plus progressive, surtout lorsque sa position l'appelle à devenir elle-même l'un des plus solides chaînons de la centralisation qui régénère aujourd'hui l'Algérie? Cette position , en effet, est centrale sous tous les rapports, centrale non-seulement pour la Mitidjah, l'Atlas, la province de Tittery, mais encore pour le reste du pays. Reliée à Alger par un chemin de fer dont le projet est à l'élude, et dont l'exécution est inévitable, ayant à ses portes la coupure de la Chiffa, cette ville sera, pour ainsi dire, la tête avancée de la capitale, son point d'action et de domination sur les vastes plaines qui régnent au delà de la double chaîne de l'Atlas, Cette situation en fait également le point de rayonnement des grandes voies de communication qui pénétreront dans l'intérieur par Médéah, Milianah , etc., ou qui iront aboutir à la mer par Alger, Cherche!l et Fouka. Dans cette appréciation ne sont pas comprises les richesses qui lui sont propres, et que lui promettent son agriculture et les industries importantes que ses cours d'eau fixeront sur son territoire.

 

COMMISSARIAT   CIVIL.

 

MM. Fécond, commissaire civil.

Desmoulins, secrétaire.

Kémoun, interprète.

 

ÉTAT-MAJOR.

 

Arrighi, commandant de place.

Bouteilloux,0. *, chef de bataillon, command. le génie.

Champanhel *;, capitaine de 1re classe du génie.

Martine *, sous-lieutenant aux spahis, direction des affaires arabes.

Gérard de la Calvinière, adjoint de 1re cl. (intend, mil.)

 

 

ADMINISTRATION.

 

Lailhier, commis entretenu (intend, mil.)

Marchand, adjoint en 1er, f. f. de compt. (serv. desanlé).

Vannucci, officier comptable (habillement).

Laurent, officier comptable de 2e classe, (subs. mil.)

Mairesse, adjoint en 1er, f. f. de comptable, (id.)

Romand, lieutenant de gendarmerie.

 

 

JUSTICE.

 

De Tonnac, juge de paix.

Brosselard, suppléant.

Daget,  id.

Mechling, greffier.

MM. Oscar,interprète.

Daget notaire.

Franco, huissier.

 

 

FINANCES.

 

Dumalle, receveur de l'enregistrement et des domaines.

Bex, receveur des domaines.

De Richemont, receveur des recettes particulières.

Stilldorff, régisseur comptable.

Raybaud, payeur particulier.

Husson, adjoint.

Rogall, desservant.

 

 

MILICE.

 

ÉTAT-MAJOR,

 

MM. Defranclieu, commandant du 6e batail. résidant à Elbiar.

Collard *. capitaine adjudant-major, commandant par intérim le bataillon.

1" COMPAGNIE, MM. Demolins, capitaine.

Fazon, lieutenant.

Demari, sons-lieutenant.

2* COMPAGNIE.  Benoît, capitaine.

Bergeron, lieutenant.

Poncel, sous-lieutenant.

3* COMPAGWB.   Benedetti $;, capitaine.

Sénés, lieutenant.

Peccaud, sous-lieutenant.

4* COMPAGNIE. Stilldorff, capitaine.

Lacombe, lieutenant.

Perrochin. sous-lieutenant.

5* COMPAGNIE. MM. Magné, capitaine.

Duport, lieutenant.

Besson, sous-lieutenant.

 

 

LISTE DES PRINCIPAUX COMMERÇANTS.

 

NÉGOCIANTS.

 

MM. Demari, gros et détail.     

Granier frères.

Demolins et Cie  id.                    

Magné et G*.

Duport, gros.                            

Suquet frères.

Roidot, libraire.

 

 

HOTELS.

 

Bergeron, hôtel de la Régence.    

Renaldi (Ve), hôtel d'Italie.

Caffort, hôtel de l'Orangerie.        

Suchon et Cie, hôtel des Deux Frères

Élisa (Mlle), hôtel des Bains.  

Raymond, hôtel d'Italie.

 

 

CAFÉS.

 

Besson, café de la Place.                                            Magné, café de France.

Genalio, café de l'Univers.                                         Natalé, café de l'Univers.

Louis, café de Paris.                                                   Ripoll, café des Quatre-Nations

 

 

PROFESSIONS   DIVERSES.

 

Adam, employé des subs. mil.                                                  Choppin, menuisier.

Il  s'occupe d'affaires sur Bli-                                               Condamnie etCc, entrepr.

dah et rarrondis&cmen .                                                          Coradin, pâtissier.

Adou , briquetier.                                                                      Croisy, charron.

Allicn, entrepreneur.                                                                David (Ve), débit de poudre.

Bonnet, charron.                                                                        Davignon, boucher.

Bouffey aîné, tabacs.                                                                 Deyde, charpentier.

Boquil, maréchal-ferrant.                                                          Dupré, menuisier.

Buisson frères, pâtissiers.                                                        Espinasse, boulanger.

Casanova, boulanger.                                                                 Galliani, boulanger.

Chabert, menuisier.                                                                 Gislain, peintre et vitrier.

Chalard, boucher.                                                                       Lavergne, tailleur.

Chauveau, serrurier.                                                                  Lombart, coiffeur.

Maché (Amédée), boulanger.                                                   Poncel, pharmacien.

Maugars   entrepreneur.                                                          Roman, comestibles.

Mauguin, briquetier.                                                                 Roque, charpentier.

Mjcaïef, boucher.                                                                    Ruba , charcutier.

Morillère   charpentier.                                                         Salvère et Moula, entrepr.

Mosse, chaufournier.                                                              Synlos Jacques, boulanger,

Para, entrepreneur.                                                                 Voelfel, menuisier.

Paslori, ferblantier.