L'ECOLE OUVROIR

Elle formait 256 élèves en 1946. Evoluant en Cours Complémentaire d'Enseignement professionnel féminin, elle s'étoffait en 1957 d'une section formant des aides maternelles et des puéricultrices.

L'Enseignement Général était confié à Mme GIRARD, Mlles DESCHAMPS et GUIRINGUELLI puis à Mmes ARRESE, BONET, GRIT et VITSE-MARTORELL

 Article paru dans le TELL de mars 1918

Dans les premiers jours de l'année 1913, la Municipalité et le conseil municipal de Blida, soucieux de seconder les efforts tentés par le gouvernement en vue de la diffusion de l'Enseignement des Indigènes en Algérie, décidait la création dans notre ville, d'une école à trois classes pour les jeunes filles musulmanes. C'était là un premier essai que l'on proposait d'étendre dans l'avenir si les résultats obtenus répondaient aux sacrifices consentis dans l'intérêt bien compris de nos populations indigènes.

Grâce à la diligence  du maire, Mr Bérard, les formalités préalables à cette création furent promptement remplies et le 6 juin 1913, un arrêté du Gouverneur Général, rendu après consultation du Conseil Départemental et du Conseil du Gouvernement autorisait l'ouverture d'une école qui fut tout d'abord modestement installée dans les sous sols des Halles aux Tabacs.

Cette ouverture fut faite dès la rentrée d'octobre, avec une certaine solennité. Connaissant de longue date les préventions des indigènes contre l'instruction des femmes,  Mr Bérard tint à présider lui-même cette cérémonie et dans une réunion à laquelle il avait convoqué tous les notables musulmans de la ville, il exposa et pria la directrice Mlle Labouthière, d'expliquer, à son tour, ce qu'elle fit en termes excellents, le but de l'enseignement nouveau et son utilité pour le rapprochement des deux races qui se sont jusqu'ici coudoyées sans se pénétrer. L'initiative prise par Mr Bérard obtint les heureux résultats qu'on pouvait en attendre. Les notables indigènes se firent eux mêmes les propagateurs de l'oeuvre et devinrent ses meilleurs auxiliaires.

Ouverte simplement avec une classe, l'école fut rapidement peuplée et un mois après il devenait nécessaire d'en ouvrir une deuxième. L'année suivante, l'école s'augmenta encore d'une troisième classe et lorsqu'elle fut transférée dans le magnifique bâtiment construit  par le Gouvernement route de Dalmatie (1), dans un site des plus riants, elle entra dans sa période de plein développement.  Elle compte aujourd'hui 5 classes.

Dans des villes comme celle de Blida , où la population musulmane est, en grande majorité, composée d'artisans et de petits commerçants, très peu de fortunés, les mères de famille envoient leurs fillettes à l'école uniquement pour se débarrasser du souci de leur garde et moins de se préoccuper de ce qu'elles y font: elles les reprennent aussitôt qu'elles en ont besoin et cela sous les prétextes les plus futiles. De là ce renouvellement brusque de la population scolaire qui annihile ou tout au moins rend très pénibles les efforts faits pour assurer le succès de leurs études. Pour combattre les funestes effets  de l'indifférence des parents, Mlle Labouthière et ses dévouées collaboratrices s'attachent à styler les enfants et à leur faire aimer l'école. Il faut qu'elles y viennent d'elles mêmes et qu'elles trouvent du plaisir à y venir. L'école est maintenant dans une bonne voie: l'impulsion est donnée  et on peut envisager l'avenir sans inquiètude.

Si la population indigène se désinteresse un peu de l'enseignement proprement dit, l'enseignement professionnel y est par contre, vu avec assez de faveur. Beaucoup d'élèves appartiennent à la classe pauvre. Elle demande, aussitôt qu'elles sont en mesure de le faire, à entrer à l'ouvroir. Les travaux qui y sont fait consistent en broderie, tapis, tissage couture, tricot et dentelle. Depuis longtemps ces travaux sont assez soignés pour être livrés à la vente. Des tapis, des broderies ont figuré avec avantage aux deux dernières expositions de Lyon. Toutes ces pièces ont été immédiatement enlevées et vendues à hauts prix. L'école n'a pas tardé à  recevoir de nombreuses commandes de France, de Tunisie et même de l'étranger, commandes trop importantes pour pouvoir être exécutées par les seules élèves de l'Ouvroir. Il y a donc là un indice certain de la réussite de l'enseignement professionnel à Blida. La municipalité peut d'autant plus se féliciter  de ses efforts que toutes les élèves de l'école n'avaient, lorsqu'elles y sont entrées  aucune notion des travaux manuels et ne savaient même pas tenir une aiguille.

L'école ne se borne pas à effectuer des travaux artistiques. Elle confectionne, tous les ans, des tabliers, des chemises qui sont distribués aux élèves pauvres. Elle a aussi apporté son contingent aux oeuvres de guerre et confectionné, comme toutes les autres écoles, des vêtements pour nos soldats et les réfugiés.

Désireuse de suivre les enfants qui ont terminé leur apprentissage, Mlle Labouthière a organisé depuis deux ans déjà, une oeuvre d'assistance sociale post-scolaire destinée à les faire vivre par le travail à domicile. Sous la surveillance de la directrice et avec un matériel prêté par l'école, ces élèves exécutent à domicile les travaux qui leur sont confiés. L'école étend ainsi ses ramifications jusque dans les ménages où la femme, cloîtrée chez elle, trouve une occupation honorable et rémunératrice qui lui permet de contribuer, elle aussi, au bien être du foyer.

Ces brillants résultats, gros de promesses  pour l'avenir, sont tout à l'honneur de la distinguée directrice de l'établissement Mlle Labouthière et des maîtresses qui la secondent si intelligemment et on ne peut que les féliciter toutes, bien chaleureusement, de les avoir si rapidement obtenus.

(1): Boulevard Galliéni

En 1946, cette école formait 256 élèves. Evoluant en Cours Complémentaire d'Enseignement professionnel féminin, elle s'étoffait en 1957 d'une section formant des aides maternelles et des puéricultrices. L'EnseignementGénéral était confié à Mme Girard, Melles Deschamps et Guiringuelli puis à Mme Arrese, Bonet, Grit et Vitse-Matorell.