Dans cet article d'un TELL de 1924, le Chanoine VIAL nous présente les nouvelles orgues de l'Eglise St Charles

Les Orgues de notre Église

Elles seront enfin inaugurées le dimanche 27 janvier, par un Récital dont le prochain numéro du Tell donnera le programme très intéressant. Quelques détails, un peu techniques par la force des choses, ne seront pas de trop pour préparer le public à cette inauguration. Ce n'est pas, en effet, d’une simple réparation qu'il s'agit, mais bien d une véritable transformation Et celà explique l'importance et la durée des travaux en voie d’achèvement Les anciennes orgües datent de 1867. C’est M. Carrié, le curé d'alors, dont la mémoire est toujours en vénération à Blida, qui les fit installer par la maison Beaucourt, de Lyon, d accord avec son conseil de fabrique, composé de MM. Ferrouillat, Branthome, Vuillard, Pagès et Torregrossa. Le maire, qui était M. Borély-la-Sapie, avait voté avec son conseil municipal une subvention de 12.000 francs pour cette importante acquisition. Faut-il s’étonner qu’après un si long temps de service, les orgues aient été ii bout de souflle depuis plusieurs années déjà? Etroitement serrées sur un embryon de tribune que M. Carrié avait fait construire à leur intention, à proximité immédiate de la cage du clocher, elles se trouvaient exposées par le fait même, à toutes les variations de température du climat blidéen Elles sont désormais à l'aise sur une vaste tribune en ciment armé, édifiée tout exprès pour les recevoir. C’est la maison Bernard frères d’Alger, représentant les bétons armés Hennebique de Paris, qui a réalisé très heureusement cette opération en février 1923. Avec un tel emplacement, on a pu agrandir de façon considérable la charpente et le buffet des orgues transformées. Les claviers anciens, plaqués contre l’instrument et masqués par un panneau de tuyaux postiches, obligeaient l’organiste à tourner le dos au maître autel et à l'assistance, ce qui était une réelle complication. Ils ont été remplacés par un meuble console du dernier modèle et du plus heureux effet, orienté vers l'autel et l'assistance, dans une position de complète visibilité Avec ses 61 boutons de registres — dont 30 disposés en gradins à droite et à gauche pour la commande des jeux et des accouplements, et 27 sur une seule ligne supérieure pour les combinaisons libres — ; avec ses deux pédales à bascule jumellées - l’une d’expression, l'autre de crescendo —, encadrées par deux autres pédales à levier — trémolo et tutti général - ; avec son pédalier neuf de 30 notes — en chêne massif —, cintré dans les deux sens suivant les règles de la facture moderne, ce meuble-console est d’un ensemble parfait. La transmission des jeux et des claviers, toute neuve également, relève du système semi-pneumatique, qui assure un maximum de rendement pour un minimum de déréglage, si fréquent en pays chauds. Ce système permet, en outre, des combinaisons multiples, impossibles auparavant. La soufflerie nouvelle, dotée d’un mouvement de commande supplémentaire à volant, procure un plus grand débit de vent utile, pour un effort moindre. Les jeux ont subi aussi d'importantes modifications. C’est ainsi qu’au clavier du grand orgue le jeu de Principal et celui de Prestant ont été mis à entailles, ce qui leur donne plus de force et de brillant, et leur assure un accord plus durable L’Euphone du même clavier a été transformé en Basson de 8, moyennant l’addition de tuyaux nouveaux Le jeu de Nazard. toujours au grand orgue, a été transformé en superbe flûte de 4, au timbre très pur, en ajoutant une basse qui n’existait pas. Le clavier du Récit possède désormais un jeu de voix céleste, indispensable, qui faisait défaut. Le Basson de 8 du même clavier est devenu un joli Basson-Hautbois pour solo, moyennant la fourniture d’un dessus nouveau. Quant aux jeux déjà existants, ils ont été, après une remise en état complète, réharmonisés suivant la méthode moderne, d’où plus de puissance et de rondeur dans la sonorité. Un accord d’ensemble au diapason normal termine le tout et le nouvel orgue donne l’impression d'un orchestre puissant et homogène, dont la voix des anciennes orgues ne serait plus qu’un écho incomplet et affaibli. C’est la maison Vignolo, de Marseille, bien connue dans tout le Midi de la France et dans les Colonies, qui a opéré, avec sa compétence habituelle, cette heureuse transformation. Les orgues de Blida peuvent rivaliser désormais avec les meilleures de l’Afrique du Nord. Le Récital du 27 janvier, donné par un virtuose de l’orgue, en sera la très agréable démonstration.

A. VIAL, Curé de Blida.