La rue Abdallah

D'après le Colonel Trumelet, la rue Abdallah est une des plus anciennes rues de Blida. Elle aurait été créée par les Maures Andalous au moment de leur installation. Elle s'étirait de la place du marché européen à la rue de l'Antilope (future Rue Lafayette). Plus tard, elle s'arrêtera à la rue d'Alger. Elle a toujours été une rue très active avec ses artisans et ses commerçants. Dans les années 1840, elle faisait partie des rues ayant la plus forte valeur immobilière (1).

(1)  Les terrains du domaine seraient vendus à l'amiable, au fur et à mesure des demandes, à la condition de bâtir à peine de réalisation, dans un délai déterminé jugé nécessaire. Le taux de la vente serait uniforme. Il serait pour les places et les rues principales d'un franc par mètre carré, et de cinquante centimes pour les autres rues. On considérerait comme rue principale, la grande rue d'Alger, la rue Bab El Sebt, depuis la porte de ce nom jusqu'à le rue Antilope, la rue de la Casbah, dans la partie qui fait face à la citadelle, enfin la rue Abdallah, depuis la place Bab El Sebt ou du marché européen jusqu'à la rue d'Alger inclusivement.

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Les diverses professions ou industries étaient  groupées par rues et quartiers. C’est ainsi qu’on trouvait les kheurrazin (cordonniers en neuf) dans la rue Bab-Ed-Dzer ; la rue Kour-Dour’li, — que nous avons appelée des Couloughlis, — jusqu’à la rue Abd-Allah, était affectée aux msebbebin (marchands en boutique d’étoffes, de vêtements tout faits), et aux tchellaktchiïa (marchands en boutique d’effets d’habillementet de meubles d’occasion). Ceux de ces commerçants qui exerçaient leur industrie à la criée et en marchant étaient appelés dellalin.

En tournant dans la rue Abd-Allah, — que nous avons appelée, dès notre occupation de Blida, rue des Juifs, — on trouvait de petites boutiques tenues par des kheudhdharin (marchands de légumes), et des fekkaiïn (marchands de fruits). Cette portion de rue, jusqu’à la fontaine du Grand-Café, s’appelait souk ettchina, marché aux oranges, souk ed-dellaâ, marché aux pastèques.

En face de la rue du Grand-Café, toujours dans cette même rue Abd-Allah, s’ouvraient d’autres boutiques occupées par les djezzarin (boucliers). Le pâté de maisons compris entre la rue Abd-Allah et la mosquée Ben-Sâdoun, était occupé par des kheurrazin (cordonniers en neuf), des rekkabin (cordonnier en vieux ou savetiers), et des derratin (pileurs de café).

Blida - Légendes et Traditions par le Colonel Trumelet (tome II)

Quelques  commerçants de notre époque

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N°4 Serran et Zragoun

Commerçants-Tissus

El Bouziri Rachid

Tisserand

N°4 Baloyan

Commerçants

N°6 Bouais Aissa ben  Mohamed

Tisserand

N°8 Amimi Mohamed Ben Aissa

Commerçant

Tfyeche Hadj

 

N°10 Tammam Anna

Infirmière

Bocris

Légumes secs

Bayou Grahim

Tissus Mercerie

N°14 Darmon S

Commerçant

N° Oualid J

Représ. Banque Alba

N° 24 Bensaïd

Confort ménager

N°26 Attia Isaac

Vaisselle-Jouets

Roger Thiar

Chaussures

Zembra

Epicerie

N°30 Nicette

Mode- Nouveautés

N°32 Haick

Chaussures "Aux 2 Charles"

N°32 Giner

Charcutier

N°32 Attia

Vaisselle

N°36 Bacri

Au petit Louvre

Draï

Vêtements

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N° 3 Boudih Salah B Slimane

 

El Bouziri Rachid

 

Nathan

 

N°5 Bensaïd J

 

N°11 Talha Ali

 

N°19 Chekroun Roger

Bijoutier

N°21 Rouis Khelil

 

Mme Clotar

Caviste

Kelfaoui

Parfumerie

N°23 Soussen Charles

 

N° 25 Sebaoun J et fils

 

N°27 Danou S

Nouveautés Confection

Gonzalés

Coutelier

Aguilo et Barardi

Espadrilles

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Ci-dessous, un article trouvé  dans un Tell de juillet 1927 et qui nous fait visiter la rue Abdallah de l'époque.

 

A travers Blida

Dans la rue Abdallah

Neuf heures 30 ! Par ce beau soleil, par cette douce température je déambule dans les rues de Blida avec l'espoir que le hasard, le dieu des Policiers, dit-on, mais plus encore celui des reporters, me donnera ce matin l'occasion de remplir ma lâche quotidienne.

Et le hasard me conduit, après un tout petit tour de marché, dans la rue Abdallah, grouillante à cette cette heure, de l'activité des ménagères empressées à leurs achats.

La circulation y est assez difficile, et je pense, une fois de plus, au sens unique qui permettrait surtout près du marché, l'accès facile à tous....

Et j'essaie de filer, sans trop de bousculade, évitant à grand peine de recevoir, sur la tête la planche garnie de pains ronds indigènes que porte, sans trop se soucier des passants, un boulanger arabe, son tablier de sac ceint autour de lui.

Et pour l'éviter, je saute sur le trottoir, entrant presque à l'intérieur d'un magasin où des ouvriers, nombreux, travaillent à des embellissements qui retiennent l'attention du passant le plus distrait.

Et la providence des journalistes m'a bien servi l Comme beaucoup de passants, je regarde ce que j'avais mai vu hier, et je ne puis faire mieux que d'être émerveillé de ce que peut faire l'intelligente initiative d'un commerçant avisé, en l’occurrence, Mr Bacri.

L'ancien magasin, si connu des Blidéens et des gens de la région, n'existe plus maintenant qu'à l'état de souvenir.

Au lieu d'une entrée étroite, nous avons un accès dans l'intérieur, comparable à ceux des grands magasins d'Alger.

Les vitrines étroites donnant sur la rue ont disparu et vont faire place à de splendides agencements, éclairés par des plafonniers, où un étalage artistique et du meilleur goût attirera les regards de tous.

Et pour ne rien faire perdre du cachet d'élégance, la façade toute en marbre rehaussera de ses deux tons à l'entrée, gris sur tout le reste, l'immeuble méconnaissable.

L'enseigne en lettres d'or, se détachera très nette dans sa simplicité voulue : « Bacri »,

Et à l'intérieur, au lieu d'être à l'étroit, les aimables clientes pourront évoluer et choisir dans les innombrables rayons les étoffes chatoyantes qui leur plairont le mieux.

Pour les lecteurs du Tell, j'aborde le sympathique M.Bacri qui veut bien, pour un instant, délaisser ses absorbantes occupations pour me donner quelques indications.

Et de suite, je le félicite de ses heureuses transformations, ce qui le fait sourire.

Vous êtes bien aimable. Merci. Je m'attendais à une critique que des concurrents intéressés ont lancé et que l'on colporte. Ils ont dit que le marbre, les plafonniers, les superbes vitrines, tout ce que je fais et qui coûte cher, ne me coûterait rien personnellement, mes marchandises devant être majorées, en conséquence, à la clientèle.

Je tiens à démentir ce bruit tendancieux, car les frais généraux de mon commerce n'ont et n'auront jamais rien à voir avec les frais généraux inhérents à un immeuble qui est ma propriété et qui paieront seuls le coût intégral des transformations faites en vue de lui donner une sensible plus-value.

En outre, sachant par expérience, combien les intermédiaires sont des facteurs importants du renchérissement de tous les articles, j'ai supprimé les intermédiaires, ce qui me permettra de vendre avec une sensible diminution. Pour cela, j'ai consacré deux longs mois de mon temps à me rendre en France où j'ai effectué directement tous mes achats, en fabrique même.

Vous voyez l'avantage pour tous : fraîcheur, choix plus grand, toutes dernières nouveautés, et... meilleur marché.

Et comme tout ceci demeurerait vain sans une intensification rationnelle de la vente, intensification qui diminuera les frais généraux dans une notable proportion , je prends toutes mes dispositions pour que chacun puisse trouver chez moi. à des prix défiant la concurrence à qualité égale, tout ce dont il aura besoin.

Je loue entièrement votre initiative et je suis persuadé, mon cher Monsieur Bacri. que le succès couronnera vos efforts. Il ne peut en être autrement avec un programme comme le votre.

Et, bien que le Tell ait entamé une campagne contre la poignée de main, je n'ai pu m'empêcher, en quittant Mr Bacri, de lui serrer une main si cordialement tendue.

R L.