Extraits de   

Comme le tournesol

LES ENFANTS ET L'AMOUR

On ne peut oublier les enfants qu'on élève,

Car on leur a donné le meilleur de nos  jeux,

Et si de nous trop vite ils détournent les yeux

C'est que l'heure présente est souvent la plus brève

 

On ne peut façonner les enfants que l'on rêve,

Car la vie après tout garde des droits sur eux,

Et si sans un regret ils s'éloignent des vieux,

C'est que devenus grands, ils regorgent de sève.

 

Plus qu'à leur tour hélas,  souvent à leurs  dépens,

Naïfs ils tomberont dans d'affreux guet-apens,

Pauvres  pantins  nantis  d'ancestrales  ficelles !

 

Car le temps fait son œuvre,  ils vieilliront  aussi,

Voyez l'amour déjà les tient à sa merci.

Prisonniers à l'affût des moindres étincelles!

 

Le Harki

A  Ahmed KARZAZI.

Dans les yeux du harki se lisait le désert,

Le désespoir, la fièvre, et les regrets d'un monde

Auquel il avait crû, rongés par le cancer,

L'un et l'autre perdus sur la planète immonde !

 

Il évoquait hier les matins clairs et purs,

Le soleil sur la mer, les monts de Kabylie,

Ou bien se revoyait prisonnier de gros murs,

Bête humaine attachée à la corde qu'on lie !

 

Comme notre Seigneur au mont des oliviers,

De l'heure de sa mort il pressentait l'annonce,

Dans son esprit errait l'ombre des éperviers,

II est tant de questions qui restent sans réponse.

 

Si nous l'avons pleuré comme on pleure un ami,

Si nous aimons ses fils comme on aime les nôtres,

C'est que l'amour jamais ne se donne à demi,

Et c'est que les martyrs sont pour nous des apôtres !