LA GENDARMERIE DE BLIDA

Sur la route de Montpensier d’un côté et de la route d ’Alger de l’autre, au voisinage de la prison et de l’hôpital civil, se trouve la gendarmerie, bordée à l ’époque au nord par l’orangerie Mallard, au sud par des jardins et des poulaillers appartenant à la gendarmerie. C ’est un ensemble composé de plusieurs bâtiments: à l’entrée route de  Montpensier les bureaux et les villas des officiers, à l ’intérieur de l'enceinte deux grands bâtiments sur 4 niveaux où étaient logés 32 gendarmes et leurs familles et une grande cour goudronnée bordée d ’arbres. Au fond de la cour le local des motos et le garage de réparations. A l'entrée route d ’Alger un autre bâtiment où étaient logées 22 familles.

56 gendarmes, c ’est aussi 56 familles et à raison de 3 ou 4 (voire plus) par famille ca donnait 150 à 200 gosses, bonjour l ’ambiance .....et les bêtises.

Cet ensemble à aspect austere était en réalité une ville dans la ville, avec ses règles et sa hiérarchie réelle et virtuelle. Répartis par tranche d ’âge: petits, ados, grands, même répartition chez les filles. Arrivant à Blida en I954, je fis mon intégration au clan, respectant la hiérarchie du groupe déja en place. Il faut dire que, dans la gendarmerie, il y avait une grande mouvance des familles au hasard des mutations du pére .A chaque mutation, il fallait quitter une ville, une école,ses amis et recommencer dans une nouvelle ville une nouvelle gendarmerie : la curiosité et la bobine de nouvel arrivant faisait le << buzz » dirions-nous aujourd ’hui. Le vrai mixage et la connaissance de l ’autre se faisaient lors de la rentée des classes.

Plusieurs groupes se formaient alors pour: L’école des Soeurs, l ’école de l ’Orangerie, le lycée de Jeunes Filles, le Lycée Duveyrier; l ’école Bonnier, l ’école professionnelle du boulevard Beauprétre, l ’école Ouvroir du boulevard Gallieni. Les matins d ’école, tout ce petit monde s'envolait, mené par les plus hardis qui sonnaient aux grilles des villas, bourraient les boites à lettres de feuilles de platanes et fuyaient sous les cris des propriétaires. Ce brassage soudait les clans qui se retrouvaient les jeudis et aux vacances dans la cour. Les garcons d ’un coté, les filles de l ’autre. Les regards en coin des uns répondant aux émotions naissantes des autres.

Secrets d ’enfance, souvenirs merveilleux d ’une époque lointaine et vivace dans une Algérie radieuse.

 

 Alain PASTOR