LA DILIGENCE DE BLIDA A MARENGO Article du TELL de BLIDA (août 1958) Interview de M.KALFON (restaurant "Le Muguet") à BLIDA par JEAN VERCHIN |
En 1876,deux entreprises concurrentes se lancèrent dans l'exploitation d'une ligne de diligences sur le trajet BLIDA - MARENGO. M.ARTUSIO dirigeait la première et ses véhicules étaient signalés aux étapes de LA CHIFFA, MOUZAÏAVILLE, EL-AFFROUN, AMEUR EL AÏN, BOURKIKA ,et MARENGO par la refrain des "Chass D'Af" entonné par le premier européen qui apercevait la patache dont les chevaux s'annonçaient par les tintements de clochettes alpestres.
M. Salomon KALFON (dont l'un des six fils nous a fourni ces détails) qui dirigeait l'autre entreprise, agrémentait ses animaux de grelots et l'arrivée de ses engins brinquebalants était annoncée par la première vigie sur l'air de " la casquette du père BUGEAUD ". Pour effrayer la concurrence,on attachait souvent derrière la diligence une branche d'olivier ou de laurier-rose qui soulevait assez de poussière pour dissuader l'adversaire de vouloir doubler et arriver le premier à l'étape: les passagers en faisaient les frais et débarquaient souvent la figure enfarinéeet la gorge desséchée. Le trajet durait 3 H 40 (40 KM) et les départs avaient lieu tous les jours à 6 H, 10 H, 13 H, et 16 H.Les trois premières voitures faisaient l'aller et retour dans la journée.La dernière passait la nuit à MARENGO. L'entreprise KALFON possédait 12 véhicules et 60 chevaux (vieux chevaux de retour achetés à l'armée et qui finissaient sans gloire entre les brancards des lourdes pataches). A l'avant se trouvaient le conducteur et trois passagers. L'impériale en comptait 8 et l'on transportait 12 quintaux de marchandises.Trois chevaux tiraient de front et l'on renforçait l'attelage de deux chevaux supplémentaires lorsque la charge était très importante. Juifs, européens et arabes étaient cahotés sans douceur en passant dans de véritables nids d'autruche. Lorsque la côte était raide (LA CHIFFA ) on descendait et l'on poussait en chantant,
Le départ de la "ligne" KALFON se trouvait au numéro 13 de la rue d'ALGER. Le voyage coûtait deux sous mais, à cette époque une boîte de sardines valait sept sous, un kg.de pommes de terre 0,15 F un litre d'anisette espagnole 1 F, un litre de Pernod 1,40 F. L'ouvrier touchait environ 1,50 F à la journée. |
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