Le premier éclairage au gaz public à Blida en 1868 |
On trouvera ci après courrier et extraits de contrat (1864) et des articles du journal de Blida ( Le TELL-1868). Courrier et contrat sont des copies des originaux, les textes des articles du Tell ont été retapés. Dans le premier article du TELL, on notera l'impatience de la population qui subit (c'est l'hiver) les conséquences des travaux d'installation des conduites de gaz. On sent aussi une attaque contre la municipalité. Le second article manifeste un enthousiasme certain. Le rappel de l'historique de cette installation nous montre que rapidement l'idée était dans l'air. La troisième partie nous donne l'état technique de l'éclairage. |
Si le projet d'installation d'une usine à gaz était dans l'air depuis un moment, on ne trouve trace des premiers éléments officiels qu'en août 1864 avec cette lette du "Directeur des fortifications" adressée au préfet. La réponse de celui-ci ne tarde pas et dès le 30 août, il donne son accord au projet de contrat entre la municipalité de Blida dirigée alors par Mr de Montagny et Mr Du Bois d'Hault et ce pour une durée de 30 ans. On peut voir quelques extraits de ce contrat ci-dessous.
quelques articles du contrat
On peut relever l'extrême exigence du contrat qui explique peut être pourquoi le contrat ne pourra être honoré par Mr Du Bois d’Hault. |
Les rues de Blida Le rues de Blida sont dans un état réellement déplorable; partout de la boue jusqu’aux genoux des passants, des flaques d’eau dégouttantes, des défoncements à empêcher la circulation des voitures, des dépôts de matériaux datant de la pose des tuyaux de conduite de gaz, c’est à dire remontant à un mois et demi ou deux mois. C’est véritablement à croire que Messieurs les agents de la commune, chargés de la voirie, cantonniers et architectes ne font plus leur métier que dans le silence du cabinet, ce qui n’est pas précisément le but de leur instituion et le moyen de connaître ce qui se passe. Il importe à tous les habitants qu’un pareil état de choses se modifie sans retard. Nous espérons que nos édiles y mettrons bon ordre. Quant à nous, comme nous ne voulons pas être condamnés à la boue forcée à perpétuité, nous adressons la même plainte à la municipalité jusqu’au jour où notre voix aura été entendue A.Chaleil Le TELL-janvier 1868 |
Le gaz à Blida Hier au soir, la ville de Blidah présentait un spectacle inaccoutumé. La place d’armes, ainsi que les principales rues, d’ordinaire si calmes et silencieuses dès 8 heures du soir, étaient animées par de nombreux groupes de promeneurs heureux de contempler les merveilles du gaz dont l’inauguration avait lieu. L’éclairage d’une ville par le gaz constate un réel progrès. Que l’on ne trouve donc pas étrange que nous retracions en quelques mots l’historique de cette amélioration importante. Des 1837, on s’occupait déjà de cette question de l’éclairage au gaz. Des 1857, et nous sommes en 1868. Tant il vrai que le progrès ne s’improvise pas. Il existe dans les cartons de la mairie de volumineux dossiers constatant que la municipalité s'était adressée d’abord à plusieurs compagnies pour obtenir des propositions quelconques. Quelques unes répondirent à ces ouvertures, mais après renseignements pris sur l'importance de l’éclairage, elles refusèrent péremptoirement tout concours. Les choses restèrent en l’état de 1857 à 1864. A cette dernière date la municipalité avait à sa tête un des citoyens les plus honorables (1), à qui nous devons la plupart des projets utiles qui s’exécutent de nos jours, et qui feront de Blida l’une des cités les plus propres de la colonie. A cette époque, disons nous, de nouvelles tentative furent faites pour doter la ville de l'éclairage par le gaz. Un homme aussi honnête qu’intelligent se pressa pour obtenir le marché. Un capitaliste devant fournir les fonds nécessaires après la signature du marché; la Municipalite s’empressa de terminer l’affaire. Les clauses du marché essaient elles trop désavantageuse pour l’entrepreneur? Toujours est-il que le bailleur de fonds ne tint pas sa promesse. Il lui fut d’ailleurs facile de trouver une échapatoire car il n’était que moralement engagé. Depuis lors l’entrepreneur, M sollicita de nombreux délais que l'administration était bien contrainte à lui accorder. Toutefois M.Du Bois parvint enfin à opérer la cession de son marche à la compagnie actuelle (2), qui, nous aimons à le reconnaître, a fait preuve d’une grande activité dans l’exécution des travaux. Quant à M.Du Bois d’Hault, après des jours tristes et bien sombres, au moment où l’horizon de son existence commençait à s’éclaircir, la mort impitoyable est venue le frapper. N’avions nous pas raison de dire en commençant cet article que le progrès ne se réalise pas sans peine. Et maintenant que nous avons rendu justice aux hommes du passé qui nous ont utilement servi, applaudissons franchement à notre nouveau système d’éclairage. S’il nous était permis d’entrer dans quelques détails de la fabrication du gaz, nous expliquerions facilement pourquoi la lumière, hier, nous paraissait aussi terne. Une discussion technique aurait peu d’intérêt pour le lecteur. L’avenir d’ailleurs répondra pour nous. (1)NDLR: Borély La Sapie (2) La companie Lebon qui aura aussi des difficultés l'amenant devant la justice. A. CHALEIL Le TELL-Mars1868 |
L'éclairage public est composé de 150 becs de gaz parmi lesquels 90 sont permanents (c à d allumés toute la nuit), les autres sont éteints à 11 du soir. |
Pourquoi la lumière paraissait aussi terne? D'après les renseignements retrouvés, il semble que la compagnie chargée de fournir le gaz a été prise de cours par la quantité de gaz à fournir (c'est elle qui fournissait aussi le gaz à Alger). Elle aurait alors utilisé pour la fabrication du gaz à Blida un charbon de seconde qualité. |