Déplacement de la halle aux grainsLa guerre des halles a-t-elle eu lieue à Blida? |
Etat des lieux: Cette halle se situait rue Traversière. D’après des anciens plans, il semble que c'est celle qui a été renommée rue Pirette et qui relie la place de l'église au marché indigène. On verra à travers les articles de journaux de l’époque que les encombrements et les dangers dus à la circulation des gros chariot chargés de sacs de grain étaient une préoccupation de nos anciens. Les boulevards extérieurs n’existaient pas et tout le flot de la circulation transitait par la rue Bab-El-Sebt (rue Lamy) et la rue Bab-el-Rahba (Rue Tirman) : les chariots des colons arrivaient de la Mitdija et livraient leurs sacs de grain à la halle aux grains. Ensuite, ces sacs de grain essaient transportés vers les moulins et vraisemblablement la farine devait prendre le chemin inverse. Pour
l’instant les documents retrouvés sur cette période nous laissent deviner une
grande bataille d'intérêts entre le quartier nord et le quartier sud. Espérons
que d’autres informations viendront nous faire connaitre la suite des évènements. Année 1868 |
Lettre de Mr Lambert La porte de Blida, connue sous le nom de Bab-el-Rabah, est sans cesse traversée par les voitures lourdement chargées de blé se rendant aux usines de l’Oued-el-Kebir, et par les gros chariots des minotiers qui se dirigent dans les divers quartiers de la ville, au chemin de fer, etc. Cette porte divisée en deux voûtes, l’une pour l’aller l’autre pour le retour, est devenue de beaucoup trop étroite pour la circulation actuelle et cet inconvénient s’augmentera de jour en jour par l'accroissement du nombre des usines et de leur travail. A chaque instant les chariots de blé ou de farine sont croisés et embarrassés par tous les kabyles qui viennent de la montagne avec leurs charges de bois et de charbon, et menacent la vie passants. La porte Est, est en outre, en contre-haut sur le niveau du boulevard et sur celui de la place Bab-El-Rabah; de cela résultent de nouvelles difficultés pour les gros équipages et de nouvelles causes de danger. Samedi dernier encore, un pauvre enfant de quatre à cinq ans, que sa mère accompagnait cependant, a été renverse là par un gros chariot chargé de farine, qui occupait toute la largeur de la porte. La pauvre petite victime a été affreusement broyée ; on parlait pour sauver sa vie de lui couper une cuisse et de lui désarticuler une épaule ! la mort bien préférable l’a emportée. J’ai été témoin de la douloureuse émotion que ce terrible évènement a causé à tous les assistants. J’ai entendu leurs plaintes. L’administration municipal et la chefferie du génie peuvent et doivent, par une prompte intervention, faire cesser les dangers que ce passage présente pour la circulation des piétons et pour les gros équipages eux-mêmes : dangers que j’ai vu bien des fois se renouveler depuis quinze ans et qui deviennent de plus en plus grands. Il y a un moyen bien simple à prendre ; le voici : il suffirait d’ouvrir au mur de la ville, dans le prolongement direct de l’avenue des Moulins, une brèche de toute la largeur de cette avenue. Les voitures pénétreraient alors sans encombre , très facilement, soit dans la rue qui conduit à l’hôpital militaire, soit dans la rue de Bab El Rabah. La sécurité militaire de Blida ne serait nullement compromise, car la porte ne recevrait aucune atteinte ; et, dans le cas d’un péril, or péril ne peut prévoir, il serait bien facile et bien peu coûteux de fermer la brèche et refermer le mur. Alger comme place de guerre a une autre importance que Blida, et cependant, au bord même de la mer, à deux pas de la porte monumentale de Mustapha, on a pratiqué dans l’enceinte un passage semblable à celui que je réclame. Ce qui est sans inconvénient là bas n’en peut avoir ici. La fortification de Blida consiste en un simple mur de clôture ordinaire comme celui d’une ferme, garni en dedans d’une banquette en terre. La brèche ne couterait donc que l’enlèvement de quelques mètres cubes de maçonnerie et de déblais. Si l’argent manque pour cela au Génie, la ville peut en faire l’opération et se charger même, sans encourir grosse dépense, du rétablissement éventuel des choses dans leur état actuel. La ville sacrifierait encore, il est vrai, quelques uns des mûriers qui ornent la jolie petite place Bab-El-Rabah, mais ce serait un moindre dommage que d’exposer la vie des hommes. J’espère que ces quelques lignes auront contribué à rendre un service à notre cité. Alexandre Lambert Le TELL |
Mairie de Blida Enquête De commodo et incommodoLe conseil municipal dans sa séance du 28 août dernier, ayant à délibérer sur le transfèrement propose de la halle aux grains, a décidé qu’une enquête sera ouverte au secrétariat de la mairie, afin que les habitants de la commune puissent, sur le registre d’enquête, inscrire leurs observations et répondre aux questions suivantes: 1: Y-a-t-il utilité de transférer aux environs de la porte Bab el Sebt ou ailleurs la halle aux grains située rue Traversiere? 2: Le transfèrement étant décidé, faut-il choisir le marché aux bestiaux ou le terrain situé entre les docks , la rue Bab-El-Sebt, le Boulevard, le Dispensaire et la rue de l’Orangerie? En conséquence un registre destiné à recevoir les observations des intéressés sera mis à disposition du public pendant 8 jours. |
La halle aux grains Comme il fallait s’y attendre, la question du transfèrement de la Halle aux grains a beaucoup passionné les esprits pendant ces 4 ou 5 derniers jours. C’est en effet la premier fois peut être, que les 2 camps qui divisent, sans que l’on sache trop ni pourquoi, ni comment, la population de la ville, se sont trouvés franchement en présence. Le quartier haut, dans l’enceinte duquel se trouve la halle actuelle, proteste naturellement contre le projet de transfert, tandis que le quartier bas insiste énergiquement pour son adoption. Au milieu des raisons plus ou moins bonnes que les uns et les autres font valoir, à grand renfort d'arguments qui portent à peu près tous le cachet de l’intérêt privé, il nous sera bien permis, à nous qui, n’ayant pas l’honneur d’être propriétaires à Blidah, sommes plus désintéressés dans la question que personne, de présenter quelques observations inspirées seulement par l’intérêt général, que les partis en présence nous paraissent singulièrement perdre de vue. La question, croyons nous, peut se résumer en quelques mots : Est-il, oui ou non, de l’intérêt de la ville d’avoir un marché aux grains ? Si, comme certains le pensent peut être, bien qu’ils n’osent pas l’avouer hautement, il vaut mieux qu’il n’y ait pas de marché à Blida et que par suite les colons soient condamnés à perpétuité à vendre directement leurs grains aux spéculateurs, la question du transfèrement est jugée ; il faut simplement laisser les choses en l’état actuel. L’expérience de ces derniers années prouve surabondamment qu'avant deux ans d’ici, le marché de Blidah n’existera plus qu’à l’état de souvenir. Mais si l’on croit, au contraire, qu’il serait avantageux pour la ville de posséder un marche prospère, il n’y a pas d’hésitation possible ; il faut organiser sans retard un emplacement qui réunisse des conditions d’accessibilité telles que les producteurs puissent et veuillent le fréquenter. Or, le local actuel, quoiqu’on dise, quoiqu’on fasse, ne sera jamais dans ce cas, et tous les projets que mettent en avant les défenseurs du statu quo; percement d’ouvertures dans les Bab-el-Rabah et Neuve de l’hopital, ou autres, ne dispenseront pas les colons de la montée de la rue Bab-el-Sebt ; montée si pénible pour les chevaux qui viennent souvent de très loin, que nous pourrions citer tel producteur qui a consenti à perdre 23 c par 100kg de blé vendu à un minotier, à la condition que ce dernier prenne livraison à la porte Bab-el-Sebt. Voilà le grand argument à invoquer pour demander le transfert de la halle, l’argument contre lequel rien ne saurait prévaloir. Tant que le marché se tiendra au local actuel, les colons n’y viendront pas, parce qu’il est inadmissible, et qu’à faire tant que de monter la rue Bab-el-Sebt et la rue Bab-el-Rabah, ils préfèreront toujours aller aux minoteries, où ils sont certains de trouver immédiatement le placement de leurs denrées. Les partisans du statu quo nous disent : « En transférant la halle aux grains au bas de la ville, vous préjudiciez considérablement aux propriétaires du quartier haut, car les immeubles qui s’y trouvent perdront beaucoup de leur valeur. » Cet argument mériterait sans doute d’être pris en considération s’il ne reposait pas uniquement sur une idée fausse. Comment les immeubles situés aux environs de la halle actuelle seraient-ils de beaucoup dépréciés par le transfert de cette halle, puisqu’on ne la fréquente pas ou si peu du moins, que les recettes faites l'année dernière, n’ont atteint que le chiffre insignifiant de 2,603fr 54ct ? Ce qui donne réellement de la valeur aux immeubles du quartier haut, c’est la présence du Marché Indigène qu’il n’est point question de déplacer. Quant à la halle, son influence est à peu près nulle, puisque personne n’y va. Nous arrêterons là cette discussion pour aujourd’hui, nous resservant d’examiner en temps utile la seconde question du programme de l’enquête ; mais encore une fois nous adjurons instamment les habitants de Blidah qui se proposent de fournir des observations à la mairie de considérer dans la question de la cité que les avantages ou les inconvénients qui pourraient résulter pour certains, soit du maintien du statu quo, soit du transfèrement de la halle.
A.CHALEIL Le Journal des intérêts coloniaux Blida le 9 octobre 1868 |
Une proposition La place de l’orangerie est vaste, elle renferme dans son enceinte une magnifique construction communale, destinée d’abord à l’installation d’un théâtre qu’il ne serait ni difficile ni dispendieux de convertir en hall. Si, comme nous le croyons fermement, le marche de Blidah prenait plus tard une importance majeure, il serait facile d’agrandir les constructions actuelles et de les mettre en rapport avec les nécessites d’un important marché. Trois portes de la ville conduisent à cette place: la porte d'Alger, celle de la Zaouia et la porte El-Sebt. Si un jour l’on décidait la démolition des remparts, la halle se trouverait d’un accès bien plus facile encore. Le marche aux tabacs se tient aujourd’hui dans un immeuble appartenant à M.Belpaume et dont la commune paye la location. Si le projet que nous mettons en avant était adopté, cette dépense n'existerait plus; notre adversaire est trop l’ami de l’économie en matière de budget communal pour que ce motif ne lui paraisse digne d’entre pris au sérieux.
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Blidiotes Aussi, tous les administrateurs municipaux depuis cette époque, ont voulu mettre à exécution le projet primitif, mais leur bonne volonté a été constamment paralysée par les cris de l’intérêt privé. Quelques propriétaires du quartier haut ont fini par se persuader que la halle était definitive, qu’elle était nécessaire à leur existence, et peu s’en faut qu’ils ne disent aujourd’hui qu’on ne leur arrachera qu'avec la vie. Les Blidiotes de Bab-el-Sebt, qui cependant auraient bien quelque droit de se plaindre, restent calmes. Ils ne disent point à leurs adversaires que s’ils ont élevé des constructions à cause de la halle, ils ont eu tort, puisqu’elle n’était que provisoire et qu’ils le savaient bien. Ils se taisent. Ils ne disent point que beaucoup d’entre eux ont fait des achats de terrain dans l’espoir que la halle projetée depuis 20 ans, se construirait bientôt, ils préfèrent attendre patiemment, parce qu’ils sont certains que tôt ou tard la halle se fera chez eux. Et en effet il faudra bien s’y résigner : la halle qu’en 1847, on voulait avec raison, placer à Bab-el-Sebt, alors que le chemin de fer n’existait pas, ne peut guère être placée que là ou dans les environs, aujourd’hui que la gare est située à proximité. C’est une solution fatalement indiquée ; c’est dans le bas de la ville qu’est l’avenir de Blidah; l’intérêt de la commune est là et contre cet intérêt, les propriétaires de la rue Traversière et les fortes têtes du faubourg ne pourront rien , même avec l’appui de la tribu des Beni Salah ACHEMIT |
Avertissement: La suite et fin de "l'affaire" seront connues lors du dépouillement prochain d'autres journaux. |