Comment ne pas avoir toujours la nostalgie
Du jardin d'Hespèrides qu'était notre BLIDA,
 Elle qui nous vit naître, notre douce « OURIDA »?
 Cet attrait du passé où l'âme se réfugie
Le grand VILLON lui-même y succomba souvent.
A l'oubli préférons la mémoire du vivant.

Mais où sont les neiges d'antan?

Cascadant de CHREA elles veloutaient la plaine
Quand l'hiver un peu rude assombrissait le temps,

Poudrant les orangers, soufflant leur blanche baleine
Sur le kiosque à musique, ployant son grand palmier,

Jonchant de gros flocons la rue Albert Premier
Qui longeait le lycée ... Les gosses étaient contents...

Mais où sont les neiges d'antan?

C'est la cendre, c'est le sang qui les souillent aujourd'hui,
Le vent du désespoir hurle sur ce pays ...
Malheureuse ALGERIE, nous qui t'avons laissée
 Si riante et si belle, écrasée d'un soleil
Noyé dans un azur à nul autre pareil,
Cesseras-tu un jour d'être martyrisée?

Mais où sont les neiges d'antan?

Nos jeunesses amoureuses caressaient l'espérance
Que bien lontemps encore BLIDA serait en FRANCE.
Le monde que soutenait l'ATLAS du vieil HOMERE
A disparu, hélas, et depuis fort lontemps ...
...Et le parfum des rosés qui nous enivrait tant...
... Et il ne reste en bouche qu'un goût d'orange amère ...

Mais où sont les neiges d'antan?

Pierre DEVESA