LES ROSES DE BLIDA
Les moustiques pullulaient causant la malaria Dans cette vaste pleine appelée MITIDJA. Les pionniers en mouraient à force de labeur, Car seul, à cette époque, le soleil marquait l'heure. D'eucalyptus blancs la région fut plantée, Drainant les marécages durant de longues années, Concession : pauvre terre qu'il fallait défricher Puis ce sol, asséché, rapidement semer. Il y avait Camille, Mohamed et Ameur. Le premier leur apprit à être laboureurs. En s'enseignant leurs langues et en guidant leurs pas Chacun défendait l'autre évitant le trépas. Ce n'était pas Byzance que cette époque là Et bien souvent, mon père, à nous, la raconta. Durant sa narration on sentait le bonheur D'avoir par leur travail à nous transmis le leur. Alors évidement, nous pouvions constater Comment ce sol aride ils l'avaient transformé. A l'endroit de la tourbe verdoyaient les vergers, Serpent, avait cédé la place à l'oranger, A l'orge, au seigle, à un blond et grand blé, Leur fierté était là nous l'avions à nos pieds. Malgré toutes les cultures le colon préserva Le figuier, l'olivier, le palmier, le koubba Et le jour de Noël invitait Mustapha Mustapha l'invitant pour fêter Lachoura. Sous le soleil ardent on portait canotier, Le casque colonial autant que le béret, De turban, chéchia les autres se coiffaient, Mais pour se saluer chacun le soulevait. Chaque saison, bien sûr, amenait sa rigueur. L'été y était long par sa torride chaleur, Le sirocco soufflait parfois durant des heures Apportant bien souvent les criquets ravageurs. La montagne étant proche, quand l'hiver arrivait La neige peignait les cimes puis dans la plaine tombait. L'été avait neuf mois, neuf mois pour préparer Un aussi rude hiver pour se faire regretter. Qu'il faisait bon vivre dans ce pays, n'est-ce pas ! La vigne nous régalait, ça sentait le lilas La méditerranée agrémentait nos plats, A l'ombre des platanes palabraient les fatmas. Dans ce vaste pays où tout se mélangeait, Au son de la cloche qui tintait au clocher Répondait le muezzin en haut du minaret. La prière, l'angélus à même heure sonnaient. Puis un jour, politiques, fanatiques et magnats Ce vil monde de concert contre nous se ligua Pour tuer, voler, brûler fermes et mechtas. Ils égorgeaient les hommes, les bêtes au nom d'Allah. Les vieux de toutes races y furent bafoués, Se cassait en une heure le travail d'années Et Camille, Mustapha qui s'étaient éreintés Voyaient tout leur passé disparaître en fumée. Puis un beau matin, les valises on boucla, Devant les orangers, en fuyant, on passa Car chaque minutes, alors, engendrait le trépas. Par bateaux, entassés, terre natale on quitta. Camille, Robert, Ali, Ameur et Mustapha Mais où sont donc passées les roses de BLIDA. Henry GUYONNET |