Souvenirs de là bas...
J'ai tant parlé de mon Blida Que ne je sais quoi vous en dire Oui, mon coeur est resté là-bas. Et avec lui le goût de rire ! Fermant les yeux, je vois Chréa : C'est un de mes bons souvenirs... Peut-être ne croyez-vous pas Que quand j'y pense, je soupire. La Place d'Armes et ses palmiers. C'est resté pour moi le plus beau ; Et le Boulevard Trumelet, Pour le voir, je donnerais gros ! L'Oued El Kébir n'avait pas d'eau ; Pourtant, c'était le Paradis... Je ne le dirai jamais trop : Que je meure si je l'oublie ! Devant les Galeries de France, Ou les vitrines de Draï On parlait déjà des vacances Et de la cure de Vichy On y allait pendant l'été... C'était entouré de verdure... On était d'abord enchanté. On disait : Pourvu que ça dure ! Après sept ou huit jours de pluie. Nous pensions déjà au retour A la lumière d'Algérie Qui remplissait nos coeurs d'amour.. Quand notre cure était finie. On sentait qu'on aimait la France ; Mais on disait : "Adieu Vichy !" On peu comme une délivrance... On rembarquait avec plaisir... Et le matin, sur le bateau. D'où l'on guettait El Djezaïr, On se sentait le coeur moins gros- Après l'eau calme de la Baie, L'entrée du Port se profilait ; On apercevait la Mosquée, Le Bassin de l'Amirauté... Les Arcades le long des quais. Les immeubles, sur la hauteur Ne parvenaient pas à masquer Les cubes, éclatants de blancheur... Pendant que le bateau tournait. Nous suivions des yeux la Casbah, Le paysage défilait. De la Darse au Port d'Agha Et puis le bateau accostait. Après la cohue des valises. La bousculade à la coupée. On foulait la terre promise... On récupérait la voiture... On traversait Maison Carrée, Bien sûr, y avait plus de verdure, Et le soleil en profitait... Mais quand on retrouvait Blida, La poussière, le sirocco. Les grands palmiers, les chéchias. On pensait : "Chez nous, c'est plus beau !" Tels sont, amis, les souvenirs Que j'ai conservés de là-bas ; Et voilà pourquoi je soupire Quand on me parle de BLIDA. Emile HAZAN 28 avril 1991 |