Souvenirs de BLIDA
Blida en fête ou la belle de Mai des années 50
Toute habillée de fleurs ainsi qu'une princesse
Blida parée en Mai autant qu'une déesse,
Nous montrait un visage embelli de drapeaux
De décors et lumière et de mille flambeaux.
C'étaient les cœurs en joie, emplis de féeries
Où tous les chars ornés de guirlandes fleuries,
Inlassables tournaient au milieu de flonflons
De filles et rondeaux et monceaux de ballons.
Autour de notre kiosque aux ogives
mauresques
Dentelé de décors d'arches et d'arabesques,
Où trônait son panache et noble beau palmier
Devenu un symbole, attribut printanier...
J'entends encor les sons et les bruits de la fête
Sur la grand'place au kiosque où sa musique en tête
JO Barousse et les siens jouaient leurs instruments
Et chacune mesure était ravissements.
«Les Amis Réunis» leurs cuivres et trompettes
Les concerts et la danse aux sons des clarinettes,
Tout se couvrait de fleurs d'harmonie et gaieté
C'était le paradis à Blida pour l'été.
Et la barbe à papa de ses mousses légères
Côtoyait en accord les flambeaux et lumières.
Tous les bouquets volaient en combats réguliers
Des batailles de fleurs entre «ennemis» alliés
Vacarmes et tumulte au milieu de la foule
Des clameurs enfiévrant le tapage où roule
Dans un climat de foire entremêlant en chœur,
Les rythmes des tollés, de liesse et de bonheur
Et devant notre église en plein cœur de la place
Baraques et forains et les fêtards en masse
Sous l'arôme de sucre et de blond caramel
Flottaient l'enchantement et bonheur éternel.
Les joyeux cris d'enfant qui clamaient de plaisir
Sur les chevaux de bois tout prêts à tressaillir
S'agitant en riant en sautant de leur siège
Pour tirer le pompom qui pendait au manège...
Embarqué dans le flot de la foule en délire
Dans la vague du temps de ce royal empire
C'est fondu dans ce monde où j'étais emporté
Où jusqu'au petit jour c'était la liberté.
Adieu BLIDA ma ville, il faut tourner la page.
Je garderai de toi la douce et fière image
D'un passé merveilleux de ces plaisirs perdus
Mais hélas maintenant, je ne reverrai plus...
Je garde au fond de moi le regard triste et blême
De chacun des reflets des petits coins que j'aime,
Ensevelis depuis dans la vague du temps
Mais conservés encore au cœur de mes instants.
Et je caresse aussi dans mon profond silence
Ces printemps de bonheur de ma petite enfance
Où le sable a laissé la trace de mes pas
Et l'écho de BLIDA, ne se ternira pas...
Claude Levy
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