La ville des roses
J'aime à me souvenir de ces moments passés,
De ces moments perdus que je revois encore,
Tandis que nous vivions dans ces temps effacés
De charmants heureux jours que je me remémore.
Toi ma ville natale au cœur de MITIDJA
J'ai vécu dans tes bras, Ô
douce fleur que j'aime.
J'ai gonflé ma poitrine et marqué de mes pas
Le long des orangers
qui faisaient ton emblème.
Blida la villageoise, et si grande à la fois,
Dont le cœur est fleuri d'un palmier plein de grâce,
Te souviens-tu peut-être en ces temps d'autrefois
Du kiosque empanaché qui trônait sur ta place ?
Promenant mon regard sur ton ciel infini,
Je revois ma cité, sa place et ses platanes,
Le boulevard TRUMELET plein d'orangers garni,
La rue des Coulouglis d'échoppes musulmanes.
L'école « Orangerie », l'église et son clocher,
Mimiche haut perché, Chréa, Fontaine-fraîche,
Les glacières, sentiers à l'hiver enneigé
Sa source
aux pures eaux que le vent d'août assèche.
Je revois le jet d'eau, ses bassins suspendus
Où les éclats
d'argent jouant sur les lumières,
Reflétaient le cristal sous les rayons tendus
Que le soleil offrait
au son des chutes claires.
L'avenue des MOULINS, dessous, la rue TIRMAN,
La rue du BEY, d'ALGER et les marchés arabes,
Vivants pleins de vigueur où grouillaient les marchands,
Et la rue ABDALLAH aux étals innombrables.
Puis, le marché couvert, lieudit « Européen »,
La rue CARNOT, PELISSIER, puis la Place des POMPES.
Et par la rue FOURRIER, bien cachée en son coin ,
L'écurie aux poulains : chevaux de la Remonte.
Poursuivant ma pensée à l'écoute du temps
Qui s'est hélas perdu dans ma triste mémoire,
J'entrevois effacé dans mes quartiers d'enfant
La Cité COMBREDET, la rue DUPETIT-THOUARS.
L'avenue de la GARE avec sa Micheline,
Le stade DURUY, la piscine FOUCHET,
Et je perçois aussi dans mon oreille fine
Les grelots de calèche aux chevaux harnachés.
Le café de LA PAIX de madame JOURDAN,
Les baraques à sous où se roulaient les billes,
Tout près de la grand'Place et l'Hôtel d'ORIENT,
Où venaient à passer toutes les belles filles.
Et tous les soirs venus entre les orangers,
Indubitablement c'était la promenade.
Montant et descendant, la foule en rangs serrés
Se croisait nonchalante appréciant la ballade.
La fête de BLIDA, la bataille des fleurs,
Autant de souvenirs qui remplissent ma joie.
Confettis et flambeaux, lumière et projecteurs,
D'y penser aujourd'hui j'ai le cœur qui flamboie.
Le maillot jaune et noir pour le F.C.B.
Sans oublier les sports en ultimes pensées.
Vert pour l'U.S.M.B., bleu-blanc pour l'U.S.B..
Et pour BLIDA GYMNASE, pirouettes insensées.
Je me souviens encor de ces petits coins doux,
Le grand jardin BIZOT, ses arbres séculaires,
Le BOIS Sacré, secret avec son MARABOUT.
Voilà tout un tableau d'images familières.
Sur son lit caillouteux, n'a de grand que son nom,
Voici l'OUED KEBIR au pied de la colline.
Aride et sec l'été sous le soleil de plomb,
Petit torrent l'hiver, il chante sa comptine.
Ai-je en faute oublié le Lycée DUVEYRIER
Où j'ai passé le temps de ma tendre jeunesse,
En divins heureux jours je revois le passé
Que le lien d'amitié, depuis le temps, ne cesse.
Rien ne s'effacera dans l'ornière du temps,
Que l'on navigue au loin de l'époque passée,
Tout restera fixé, tel que sur les écrans
Du REX, IMPERATOR, VERSAILLES, COLISEE.
Gardés en souvenir pour revoir mes amis,
Par ce petit poème en ces mots réunis,
Ah ! BLIDA ma jolie et ta beauté perdue,
Je suis fier aujourd'hui de t'avoir entendue.
Claude Lévy
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