SOUVENIRS BLIDEENS
Le jardin Bizot – Le collège
C’est sur
l’emplacement du jardin Bizot que se trouvait le premier cimetière de
Blida ; entre cette nécropole et le mur d’enceinte de la ville il existait
une place qui avait reçu le nom de Bizot, du nom du général tué en 1855 à
Sébastopol ; cet officier général avait rendu à la ville d’excellents
services en qualité de chef du Génie ; il eut plus tard le commandement de
l’Ecole Polytechnique. C’est en 1866,
sous la municipalité Borély La-Sapie, que le jardin public fut créé et reçut le
nom de Bizot ; toutes les tombes furent transférées dans le nouveau
cimetière qui est celui actuel et parmi elles se trouvait celle du général
Coman. La partie
inférieure du nouveau cimetière était très ravinée, surtout du côté de l’oued
Yakor et c’est au maire Mauguin que l’on doit le bel agencement de ce cimetière
qui fait l’admiration de ceux qui le visitent. C’est Borélie
la-Sapie qui a planté les principales essences rares qui embellissent le jardin
Bizot : Ficus à caoutchouc, araucarias, cèdres, magnolias à feuilles
persistantes, etc, ..etc, et à ce propos il serait à souhaiter que leurs noms
scientifiques soient inscrits sur des étiquettes bien visibles ; au
plaisir de leur vue s’ajouterait une leçon d’arboriculture. Le seul jardin
d’agrément qui existait à cette époque- et il n’était pas public- était celui
de l’état major de la Place ; il occupait l’emplacement actuel du collège
colonial. Ce collège, créé
le 1ier janvier 1876, fut
d’abord installé dans les bâtiments qui sont en ce moment occupés par l’école
maternelle de la place Lavigerie ; il prit, par sa situation au centre de
la Mitidja, une grande importance, ce qui nécessita, dix ans après, sous la
municipalité Mauguin, la construction du bel immeuble de la rue Bizot où il se trouve actuellement. Il y a peu
d’établissements scolaires réunissant autant d’avantages pour la bonne hygiène
des élèves que ce collège : Les cours ombragées ; les salles et dortoirs spacieux ; l’aération est
partout parfaite ; l’eau à profusion. Il n’y a qu’une ombre au
tableau : la proximité de l’infirmerie vétérinaire du quartier
Salignac-Fénelon. Souhaitons que la commission d’hygiène le comprenne ! Pour sa part, la
commune eut à verser pour sa construction une somme de 400 000 francs. Il fut inauguré le
14 avril 1887, par Mr Marcelin Berthelot, ministre de l’instruction Publique
dont on va célébrer en octobre prochain le centenaire ; tout le monde sait
que cet homme d’état qui était médecin et pharmacien a été un très grand
chimiste : ses belles découvertes, sa profonde science sont aussi indiscutables que sa philosophie
matérialiste peut l’être par contre. M.Berthelot qui
avait laissé à Alger les ministres Millaud des travaux publics et Grasset des
Postes et Télégraphes, venus en Algérie avec lui, arriva à Blida avec M. M
Tirman gouverneur général, Firbach préfet, Bourlier, député et Jeanmaire,
recteur de l’Académie. Reçus à la gare
par M.Mauguin, sénateur maire, ces personnalités se rendirent ensuite au
collège pour son inauguration. M.Mauguin, dans un
lumineux discours, décrivit la progression de la colonisation et de
l’instruction publique dans la cité, il rappela son arrivée à Blida en
1841 ; sa traversée de la Mitidja où il n’y avait pas « deux hectares
défrichés ; partout des broussailles inextricables et des palmiers nains,
le convoi qui l’amenait était escorté de deux mille hommes et il reçut des
coups de feu des Hadjoutes qui, l’année suivante, massacraient le sergent
Blandan et ses compagnons, dans le ravin, près de Béni-Méred, par où passait la
piste » Il rappelle que ce
fut en 1844 que fut fondée à Blida la première école, celle qu’il fréquenta. « C’était,
dit-il, une modeste chambre toute nue ; les élèves s’asseyaient sur des
malles et tenaient leurs ardoises sur les genoux…. » M.Berthelot qui
écouta deux gentils discours prononcés par un jeune élève, Schneider et une
gracieuse jeune fille, Mlle Jeanne Gueipa, embrassa avec effusion cette dernière
et promit le concours de l’état pour l’installation définitive du collège. Ce dernier resta
communal jusqu’en 1922, époque où il devint colonial, c’est à dire géré par la
colonie. Nous avons vu que
ce collège a été construit sur l’emplacement du jardin de l’etat Major ;
entre ce jardin et la place de l’église se trouvaient les bureaux de la place
et ceux de la sous-intendance. Plus au sud, la manutention qui se trouve
toujours au même point avec cette différence qu’autrefois un moulin militaire
fonctionnait au moyen d’une amenée d’eau dans une conduite horizontale aménagée
depuis la piscine municipale actuelle jusqu’à un point de l’établissement où
elle formait une chute d’eau d’une force appréciable. Cette conduite
existe toujours, mais le moulin ne fonctionne plus ; la boulangerie n’est
plus manutentionnée par les militaires , mais par des entreprise civiles sur
adjudication ; plusieurs excellents fours sont à leur disposition. Plus au sud se
trouvaient et se trouvent encore l’arsenal et la poudrière. Preque toutes les
maisons indigènes entre ces bâtiments militaires et la rue Tirman étaient
habités par les officiers de la garnison ; aujourd’hui, ils se sont
dispersés dans les riantes villas de la banlieue.
Le TELL du 18/05/1927 |