SOUVENIRS BLIDEENS
L’ÉGLISE Nous avons vu que le culte catholique s’exerçait a Blida dans une ancienne mosquée désaffectée qui se trouvait en bas de la place d Armes ; c’est en 1862 qu’une église, celle actuelle, fut édifiée, grâce à une forte subvention accordée par l'Empereur Napoléon III. Lors de son voyage en Algérie, en 1865, ce souverain se rendit à cette église où il fut reçu par l’abbé Carrié. curé de la paroisse, entouré de son clergé, qui le remercia dans un discours dont nous détachons ces mots : « C’est à vous. Sire, que Blida doit cette église le plus bel ornement de notre cité». A sa sortie. Napoléon III reçut d’une jeune fille de l'école de la doctrine chrétienne un énorme bouquet de roses et la jeune élève lui récita ces quatre vers ; Souverain, père, époux, soyez trois fois heureux Sire, que le Seigneur vous aide en toutes choses Et pour Celle avec qui vous partagez nos vœux Prenez ce souvenir de la «Ville des Roses». En souvenir de son voyage, Napoléon III fit don à cette église d’un grand tableau qui est placé dans le chœur et fait pendant à un autre grand tableau, don de la famille Giraud, l’une des plus vieilles et estimées familles da la cité. L’Eglise possède des orgues classées parmi les meilleures de celles de la Colonie ; elles ont été récemment réparées par les soins du chanoine Vial, curé de la paroisse, et l'horloge qui est dans son clocher est, aux dires des compétents, d'une excellente fabrication et d'une précision remarquable. Dans l'ancienne église — la mosquée désaffectée — fut enseveli, en 1840, le corps d'un jeune officier tué à l'ennemi (Richard d'Harcourt), descendant d’une des plus anciennes familles de la noblesse française, dont le premier membre fut fait baron en 876 Mais ce n'est pas seulement à cette considération que cette jeune victime de la conquête dût l'insigne privilège d’être inhumé dans une église mais à ce que son père, le doc d'Harcourt, était alors ambassadeur à Rome. Lors de l'édification de l'église S'-Charles actuelle, le corps de ce brave officier y fut transféré et il y repose toujours, près du mur nord-ouest, à côté des fonts baptismaux. Sur une grande plaque de marbre, qui fait suite au dallage, on peut lire cette épigraphe : Richard d'HARCOURT Fils de François - Eugène duc d Harcourt et d'AGLAÈ TERRAY S* Lieutenant au Rgt des Zouaves MORT AU CHAMP D'HONNEUR dans une charge contre les Arabes à l'expédition du ravitaillement de Mlliana le 10 Novembre 1840 à l'âge de 24 ans Son corps a été rapporté par les Zouaves du champ de bataille en ce lieu où il a été inhumé le 11 Novembre Sur la place de l’Eglise, dénommée plus tard place Lavigerie, du nom de l’éminent carlinal, grand animateur et bienfaiteur de l'expansion coloniale française, se trouvait un bassin circulaire avec jet d'eau, de dimension plus grande que celui qui est actuellement au jardin Bizot et plus profond. Pour les fêtes annnelles de Blida, d'industrieux forains y plaçaient au petit canot, au mat pavoisé, muni d'avirons, et moyennant la modique somme de cinq centimes par place, on pouvait faire quelques tours du bassin. C’est ainsi que bien des jeunes enfants, tant européens qu’indigènes, et même des grandes personnes, étaient alors initiés, par ce sport nautique, à la navigation, car beaucoup n'avaient jamais été jusqu’à la mer et ignoraient les bateaux. Il n’en est plus de même aujourd’hui, grâce au cinéma et aux moyens faciles de transport mis à la portée de chacun. Ce joli miroir d’eau fut supprimé à cause des moustiques, disait-on, et pourtant avec quelques poissons ces malfaisantes bestioles pouvaient être anéanties; Son emplacement sert anjourd’hui de piste pour les cirques de passage. De belles cérémonies religieuses avaient lieu sur cette place pour la Fête-Dieu. Un reposoir était dressé face à l’église et la procession sa déroulait d’abord sur la place, puis faisait le tour de sa voisine la place d’Armes ; sous les platanes réunis par des guirlandes de fleurs et des petits drapeaux, la procession passait par la rue Bizot et remontait se grouper sur la place de l’Eglise, pour la bénédiction du Saint Sacrement. Ces pompes religieuses impressionnaieqt beaucoup nos indigènes qui ne comprennent pas l’athéisme et attiraient de nombreux visiteurs des environs, pour le plus grand bien du commerce local . Aujourd’hui, sauf pour les enterrements, il n'y a plus guère que les musulmans qui ont le privilège des manifestations religieuses sur la voie publique. Le culte protestant avait, à cette époque, son temple dans un immeuble à l’est de la place de l’Orangerie, place occupée aujourd'hui par les écoles primaire et maternelle ; à l’ouest de cette place se trouvait la gendarmerie. Un très joli temple fut édifié sur la place El-Rbah (anciennement des Moulins) où se pratique aujourd hui l’exercice de ce culte. Commandant Rocas Le TELL 11/05/1927 |