Voyage dans la Régence d'Alger

par le Docteur SHAW

Le Docteur Thomas Shaw, savant  mais point médecin, fut le plus célèbre voyageur européen qui visita le Maghreb central au début du  XVIIIe siècle. Il y séjourna de 1720 à   1732   en   qualité   de  chapelain   des  factoreries anglaises à Alger, fit en 1727 une courte excursion dans la Régence de Tunis et par la suite un voyage au Levant : Egypte, Syrie et  Arabie Petrée.

Erudit de talent, esprit scientifique, il' rédigea un important ouvrage intitulé « Travels or Observations relating to several parts of Barbary and Levant ». Edité à Oxford en 1738, une traduction française en fut publiée à La Haye en 1743 sous le titre de « Voyages de Monseigneur Shaw M.D., dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant ... ». Il existe d'autres éditions dont notamment une en langue néerlandaise.

La nouvelle traduction de J. Mac Carthy, objet du présent ouvrage, parue en 1830 à Paris, se limite aux textes qui concernent les provinces algériennes, complétés par des augmentations et notes du traducteur.

Durant ses douze années de séjour Thomas Shaw parcourut le Maghreb  Central des Trara au Djurdjura, visita  les grandes villes et les ports côtiers, recueillit une foule de renseignements sur le Sud et  le Sahara.

Dans ses relations, ce savant reprit la géographie ancienne de l'Algérie, connue d'après Ptolomée, les auteurs latins et grecs, arabes et espagnols, la contrôla et la compléta à la lumière des nouvelles données archéologiques, épigraphiques et de ses observations personnelles. Il ne se fit pas faute, non plus, d'utiliser les documents des missionnaires ni de questionner les spécialistes d'Oxford.

Dans le domaine des sciences, Shaw étudia le climat, les productions naturelles, les cultures et la faune de la Régence.

En sommes son œuvre recèle une mine de renseignements acquis dans un esprit d’objectivité et un sens pragmatique écartant l'obscurantisme et les fables, ce qui leur confère une valeur permanente.

L'Editeur.

Extrait:

Blida et Mé-dea sont les seules villes que l'on trouve dans l'intérieur de la province d'Alger. Elles ont chacune environ huit cents toises de circuit ; mais elles ne sont entourées que de murs en terre, à peu près en ruine. On y remarque quelques maisons à toits plats; toutefois, la plupart ressemblent à celles de Maliana. L'une et l'autre sont d'ailleurs environnées de jardins et d'habitations agréables, et parfaitement arrosées, la première par un ruisseau voisin, d'où on conduit l'eau, au moyen de canaux, dans toutes les maisons ; et la seconde par différents aqueducs, dont quelques-uns paraissent être de construction romaine. Ces deux villes sont situées sur les bords de la  Mazaffran : Blida à cinq lieues , sur le versant septentrional du mont Atlas, et Mé-dea à trois lieues au-delà, sur le versant opposé de cette montagne. Il s'ensuit que Blida et Mé-dea étant à peu près sous le même méridien, dans des positions analogues relativement au Hammam-Mériga (l'ancienne Cotonia Aquœ-Calidce), et différant très peu, quant aux noms, peuvent être considérées, celle-ci comme occupant l'emplacement de la Lamida, et l'autre celui de  la Bida-Cotonia de Ptolomée.