Les cigognes à Blida

Dans  "Une année dans le Sahel"; Eugène Fromentin  nous offre ce premier témoignage sur le sujet.

Nous sommes en mars 1853:

.........Une agréable nouvelle que je ne t'ai pas dite : les cigognes sont arrivées. J'ai vu l'autre jour leur premier courrier. C'était le matin de très bonne heure ; beau­coup de gens dormaient encore dans Blidah. Il venait du sud, porté par une légère brise, s'appuyant, sans presque les mouvoir, sur ses grandes ailes à l'extrémité noire, le corps suspendu entre elles « comme entre deux bannières ». Une troupe de pigeons ramiers, de corneilles et de petits milans lui faisaient un joyeux cortège, et saluaient sa bienvenue par des battements d'ailes et par des cris. Des aigles volaient à distance, les yeux tournés vers le soleil levant. Je vis la cigogne, suivie de son escorte, descendre de la montagne et se diriger vers Bab-el-Sebt. Il y avait là des Arabes qui sans doute avaient voyagé la nuit, car ils étaient couchés pêle-mêle avec des dromadaires fatigués, toutes les charges réunies au centre du bivouac, et les animaux n'ayant plus que leurs bâts. Quand l'oiseau sacré passa sur leurs têtes, un des Arabes qui le vit étendit le bras, et dit en se levant tout droit : — Chouf el bel-ardj, (regarde, voici la cigogne.) Ils l'aperçurent tous aussitôt, et, comme un voyageur qui revient, ils la regardèrent en se répétant de l'un à l'autre : — Chouf-t'ouchi ! (l'as-tu vue ?) — Longtemps l'oiseau parut hésiter, tantôt rasant les murs, tantôt s'élevant à de grandes hauteurs, les pieds allongés et tournant lentement la tête vers tous les horizons du pays retrouvé.

Un moment il eut l'air de vouloir prendre terre ; mais le vent qui l'avait amené rebroussa ses ailes et l'emporta du côté du lac.

Les cigognes émigrent à l'automne pour ne revenir qu'au printemps. Elles se montrent rarement dans la plaine, et n'habitent jamais Alger. A Médéah, au contraire, et dans toutes les villes de la montagne, elles se réunissent en grand nombre, Constantine en est peuplée. Je connais peu de maisons dans cette ville, la plus africaine et la moins orientale de toutes les villes algériennes, je connais peu de toitures un peu hautes qui ne supportent un nid. Chaque mosquée a le sien, quand elle n'en a pas plusieurs. C'est une faveur pour une maison d'être choisie par les cigognes. Comme les hirondelles, elles portent bonheur à leurs hôtes. Il y a toute une fable qui les consacre et les protège : ce sont des tolba changés en oiseaux pour avoir mangé un jour de jeûne. Elles reprennent tous les ans leur forme humaine dans un pays inconnu et très éloigné, et quand, appuyées sur une patte, le cou renversé dans les épaules et la tête élevée vers le ciel, elles font avec un claquement de leur bec le bruit singulier de kuam... kuam... kuam, c'est qu'alors l'âme des tolba, toujours vivante en elles, se met en prière. — Jadis c'était Antigone, fille de Laomédon et sœur de Priam, que Junon changeait en cigogne pour la punir de l'orgueil que lui causait sa beauté. Tous les peuples ont eu le génie des métamorphoses, et chacun y a mis sa propre histoire : la Grèce artiste devait être punie dans sa vanité de femme ; l'Arabe dévot et gourmand devait l'être pour un péché commis en carême.....

 Et nous???? Quels souvenirs en avons nous?  

Voici quelques brèves de comptoir, quelques années plus tard....

 

 J’ai comme le  vague souvenir d’avoir vu des cigognes à Blida. Est ce que j’aurais rêvé ??

Non, tu n'as pas rêvé...il y avait des cigognes .

-voici une anecdote sur les cigognes à Blida

L'époque de la guerre d'Algérie fourmille d'anecdotes intéressantes :

- tel cet avion abattu par une cigogne en juin 1956, à Blida : le choc avec une cigogne au décollage amena le pilote à réduire les gaz, à tirer le frein de secours et à appuyer à fond sur les freins au pied. Il sortit, malgré tout, de la piste car l'action simultanée du frein de secours et des freins normaux annulait le freinage : tout le monde l'ignorait jusque-là ;

Certaines même venaient nicher au Bois Sacré et en bons adolescents que nous étions on leur envoyait  des plombs avec une carabine.Que voulez vous ,on ne savait pas quoi faire de nos journées...

Je me souviens d'un nid de cigognes sur un haut cyprès situé en face de la sortie principal de l'hôpital de Joinville.

Il y avait un grand nid de cigognes à Béni-Méred en bas du village qui se trouvait en haut d'une cheminée (je ne me rappelle plus de qu'elle fabrique)  et je me rappelle qu'elles faisaient énormément de bruit et caquetaient toute la journée et nourrissaient leurs petits. Même les chenapans du village n'auraient pas ennuyé ces cigognes   

Je ne me souviens pas d'en avoir vu à Blida même, mais une chose est certaine c'est qu'il y en avait plein dans la Mitidja à tel point que les Alsaciens-Lorrains disaient qu'elles les avaient suivi lors de leur "exode" après la guerre de 70

Vous allez sûrement penser que je suis un peu lourd avec mes questions mais les cigognes vous souvenez vous si elles étaient à demeure ou si elles arrivaient avant l'hiver quand elles commençaient à claquer du bec en Alsace?

Pour moi elles arrivaient et n'étaient donc point à demeure.

Il me semble qu'elles n'étaient  là qu'en transit . C'était un évènement .Nous étions heureux de les voir arriver . Si elles  avaient été à poste nous ne les aurions plus remarqué .  C'est mon humble avis

 A Béni Méred, les cigognes ne restaient pas toutes l'année. Elles arrivaient au printemps et repartaient à l'automne.

les cigognes arrivaient pour passer l'hiver et s'en retournaient au printemps.........le contraire serait étonnant......les petits elles les faisaient en France .et attendaient qu'ils soient forts pour faire le voyage.....elles ne les portaient pas dans les torchons noués autour du bec.
     à Aïn -Sultan il y avait un gros nid dans un grand bâtiment à côté de l'église....je me souviens bien des caquètements...

.........je pense que leur migration est semblable à celle des flamands roses.....ils arrivent très nombreux au printemps et repartent vers l'Afrique dès les premiers froids...

Moi je me souviens qu'elles déposaient les bébés. Je  pense qu'elles ne faisaient que transiter.

moi, j' habitais prés des champs, aussi du champ de manœuvre, j' ai rarement vu des cigognes à Blida, de temps en temps un couple égaré faisait son nid mais c'était rare.  je pense qu' elles ne faisaient que passer.

Ce que je sais, pour l'avoir vu maintes fois, c'est que les cigognes édifient des nids au Maroc donc elles se reproduisent dans ces contrées. Aussi , cela doit être identique en Algérie.

Les cigognes blanches nichent dans de nombreuses régions d’Europe occidentale et orientale, en Asie mineure et en Afrique du Nord. Chaque année au mois d’août, les cigognes quittent leur lieu de reproduction et se rendent en Afrique pour y passer l’hiver, en empruntant deux voies migratoires différentes. Cette migration annuelle, pendant laquelle ces oiseaux parcourent jusqu’à 20 000 km, présente de nombreux dangers. En dehors de la destruction des zones humides dans les régions de reproduction, ce sont principalement les pertes subies pendant les migrations qui rendent la survie de l’espèce plus difficile.

Les cigognes ne faisaient pas que passer à Blida, elles se reproduisaient, surtout dans la région de Médéa, je me souviens d'un nid que j'avais en face de mon bureau à l'HPB

c' est bien ce que je dis , chacun n' a vu qu' un seul nid, donc c' était quand même un événement quand il y avait un nid

les cigognes avaient deux trajectoires, un passage par le Maroc, Espagne, France (Normandie, et Alsace)

et un autre passage à l' est de l'Afrique du nord pour rejoindre les pays de l' est Européen

Une partie de leur cerveau était programmé dés la naissance, donc l'Algérie était certainement une erreur de parcours

Je conteste : les cigognes arrivaient en Algérie au printemps,  s'accouplaient, les cigognaux naissaient et quand ils avaient assez de force, toutes les cigognes, sauf quelques exceptions partaient plus au sud en Afrique.