Le souterrain du collège de Jeunes Filles « Qui se souvient encore, qu 'à l'intérieur de notre chère EPS (collège moderne et classique de jeunes filles) se trouvait un souterrain, qui à l'époque dont je vous parle (en 1950) occupait fort les esprits des élèves de cinquième dont je faisais partie. En effet, les plus grandes des internes nous en parlaient souvent à voix basse, nous racontant qu 'elles étaient allées l'explorer à trois ou quatre, munies de bougies et de lampes torche, qu 'elles avaient eu très peur tant il y faisait noir, ajoutant même qu 'elles y avaient découvert une dalle mortuaire et quelques ossements épars... Il n'en fallait pas plus évidemment pour que les plus hardies d'entre nous dont je faisais partie, jurent d'y aller à leur tour.... Mais comment s'y prendre ?. L'histoire raconte que ce fameux souterrain reliait notre lycée (ancien couvent de nonnes) à l'église de Blida, traversant toute une partie de la ville. Autrefois les bonnes sœurs pouvaient probablement incognito, rejoindre l'église dont elles dépendaient, ou en cas de besoin se replier en ce même lieu pour se mettre à l'abri. Pour atteindre notre but, il fallait compter avec la présence de notre chère Directrice Mlle ESCOUTE, personne infiniment respectée et extrêmement sévère. Son bureau jouxtait une porte toujours fermée à clés. Cette porte une fois ouverte par les soins d'une certaine femme de ménage soudoyée par nos soins, mais qui savait à quoi s'en tenir sur nos imaginations débridées, cette porte donc révéla tout un attirail de balais et de seaux ! Sauf que : derrière se dissimulait une autre porte, plus petite, donnant accès au lieu interdit à tous les élèves : le souterrain ! Une élève se chargea de faire le guet dans le couloir, au cas où ! Quant à nous, après avoir déblayé très doucement les lieux, nous pûmes enfin ouvrir la porte et braquer nos lampes de poche sur l'inconnu. Le cœur battant, les pas hésitants, nous avançâmes de quelques mètres dans un boyau taillé dans la pierre. Un peu plus bas une espèce de replat en terre battue révéla à nos yeux une sorte de petite crypte. Au sol une dalle usée et effritée par le temps avec des inscriptions illisibles ; Epars quelques ossements. Nos lampes de poche créaient autour de nous des ombres fugaces ; nous eûmes le temps d'entrevoir le fond de cet espèce de grotte entièrement bloqué par un monceau de pierres. Nous n'irions pas plus loin...... Nous détalâmes au plus vite pour nous retrouver dans le placard et tout remettre en ordre le plus doucement possible. Notre compagne nous attendait tranquillement dans le couloir. Le tout avait duré environ 15 minutes, mais tout cela nous parut une éternité. Enfin nous avions vu, nous aussi ! Combien d'autres après nous à leur tour sont allées dans ce fameux souterrain ? Allez savoir. » Anne Marie DESCHANEL FORTUNET
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