Abbès, gloire du cyclisme blidéen Retrouvons Abbès à travers différents articles de presse |
La Province Sportive du 28/10/1937 La Province Sportive du 07/10/1937 L'Indépendant du 17/08/1937 |
L'Indépendant du 3/06/1938 |
Un article de Jean d'Avril dans le Tell (avril 1939) Le Blidéen Abbès gagne le Grand Prix Phénix Bien que n’ayant pas de société cycliste, Blida possède un champion. En effet, Abbès, qui participe chaque dimanche à toutes les épreuves, et qui a même participé l’an dernier au Tour de France qu’il a, du reste, terminé possède depuis quelques jours seulement un titre de plus à son palmarès. Il est en effet Champion d’Algérie. Cette course avait réuni un très grand nombre de coureurs, tous de classe. Malgré un mauvais temps persistant, notre concitoyen fit la meilleure moyenne et pénétra sur le Stade Municipal d’Alger le premier. Dimanche dernier se courait le Grand Prix Phénix ; c’est encore Abbès qui, couvrant la distance de 135 kilomètres en 3 heures 52 minutes, s’est approprié le première place. Nous félicitions bien vivement Abbès pour sa belle tenue et les titres qu’il vient de s’octroyer. Nous connaissons la valeur de ce coureur qui, très sobre, s’entraîne seul chaque jour. Il a l’intention, nous a-t-on dit, de prendre part, cette année encore au Tour de France. Sa bonne volonté est à retenir. Espérons qu’il trouvera des soutiens qui lui permettront de satisfaire son désir. Nous apprenons qu’un groupe de sportifs a pris la décision de lui offrir un apéritif et, si possible, un souvenir. Les Sportifs qui désireraient manifester leur sympathie au coureur Abbès sont priés de se faire inscrire chez le camarade François Arlandis. Jean d’AVRIL Le Tell 12 avril 1939 |
Une interview de Abbès par Jean Trouvel dans le Tell (novembre 1943)
Abbès, champion cycliste Je l’ai trouvé dans son petit magasin de la place des Pompes, au milieu de cadres, de guidons, de jantes, impeccablement alignés sur le mur. Armé d’une clé à molette, il réparait un pédalier. Dès que je lui eus exposé le but de ma visite, il m’invita à m’asseoir et, tout content, me déclara : « Vous voulez parler du cyclisme dans votre journal, tant mieux, on n’en parlera jamais assez. » Après avoir échangé quelques phrases banales, je l’invitais à me parler de sa vie de champion et en particulier de ses difficultés, car elles sont les mêmes pour tous ceux qui veulent se lancer dans ce sport difficile. Il hésita un peu, gêné à la pensée que j’allais écrire ses paroles, mais sa timidité tomba vite et il commença : -J’avais 16 ans lorsqu’en 1930, membre du vélo-club de Blida, je fis ma première course, celle de l’Echo d’Alger, mais je n’eus pas de chance car accidenté à Marengo, je dus abandonner. Avec 400 fr en poche, toute ma fortune, je décidais aussitôt de recommencer en courant le Tour de l’Oranie. Je voulais percer à n’importe quel prix et me faire connaître. J’eus la chance d’y parvenir en gagnant cette course et ce fut pour moi le début de ma vraie vie dans le cyclisme. Quelques mécènes de Blida et d’Alger m’aidèrent et me poussèrent à continuer. En 1934, je courus pour la première fois en France, à l’occasion du Grand Prix Wolber. Je n’étais pas habitué à la Métropole, à l’atmosphère de ses courses et étant dépaysé, je ne fus pas très bien classé. Ce n’est qu’en 1936 que j’eus l’occasion de recommencer cette même course, après avoir gagné pendant toute une saison à Alger. Ayant plus de classe, je terminais 8ième et fut qualifié pour le Tour de France. -Quelle impression vous fit cette course ? -J’étais très intimidé, c’était la première fois que j’avais l’occasion de me mesurer avec les grands champions européens, et puis, c’est long ce Tour de France que j’en avais un peu peur. -Vous avez couru dans la catégorie des Touristes-Routiers, je crois ? -En effet, et c’est surtout pour nous que cette course était difficile car, contrairement aux coureurs des équipes nationales, nous courions individuellement, nous ne pouvions en cas d’avarie, recevoir aucun secours de qui que ce soit. -Comment avez-vous terminé la course ? -42ième sur 111 concurents -Quels sont les autres lauriers que vous avez glané au cours de votre carrière ? -En 1941, je fus champion de France de poursuite. -Ah vous avez fait de la piste ? -Oui, depuis que je ne suis plus tout jeune, je préfère la piste ; la route est trop pénible à mon âge. -Et maintenant que comptez vous faire ? -Je ferai la prochaine saison sur route, mais ce sera la dernière , après je ne ferai plus que la piste. -Quelles sont, à votre avis, les conditions de réussite dans le cyclisme ? -Il y en a trois : la chance,la forme et la tactique. Mais c’est surtout avec la chance qu’il faut compter. Songez qu’un simple petit clou qui se trouve sur votre passage peut vous faire perdre la course dans laquelle vous êtes parti favori. -Mais au fait, j’oubliais de vous demander pourquoi le cyclisme n’est pas à l’honneur en ce moment ? -Parce qu’il y a de moins en moins de cyclistes. Le métier est dur et il faut pouvoir y consacrer toute son énergie, tout son temps. La vie est difficile maintenant et les jeunes ne recherchent plus ce sport absorbant et mal rémunéré. C’est surtout pour l’Algérie que je vous dis cela, car, ici il n’y a que des amateurs. En France, c’est différent : les amateurs sont largement payés dans les courses où ils sont bien placés et dès qu’ils commencent à être connus, ils peuvent devenir professionnels et se consacrer uniquement à leur sport. -Je vois que vous êtes partisan du professionnalisme. -Absolument, et en Algérie aussi il faudra y venir si l’on ne veut pas que le cyclisme disparaisse. Ce serait dommage d’ailleurs, car il y a d’excellents éléments en Afrique du Nord. -Et à Blida, que pensez vous que l’on puisse faire dans ce sens ? -Il y a dans notre ville de jeunes coureurs qui promettent, s’ils sont suivis et aidés, ne serait-ce que Kebaïli qui, à 16 ans, a gagné le Premier pas Dunlop à Alger et s’est classé 5ième en France dans la même épreuve. Il y a aussi Bottaro et tant d’autres ! Peut être, d’ailleurs, allons nous constituer un club cycliste à Blida, mais, encore une fois, l’aide financière est le premier facteur de réussite... En quittant le magasin, je jette un coup d’œil sur la photo d’un journal sportif collé au mur et représentant Abbès, suant et soufflant, gravissant le Galibier en « danseuse ». Abbès, tout un programme, toute une vie consacrée au cyclisme, Abbès, gloire blidéenne. Pierre TROUVEL LE TELL – Novembre 1943 |
1949
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Palmarès Ses classements dans les 2 participations du Tour de France : 42e en 1936 et abandon en 1951
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