Rue Lamy et Boulevard Trumelet

ou encore Boulevard des Orangers

 

A Jean Pierre et Jean Paul

 

Faire le boulevard: ce boulevard que nous avons tous parcouru , ce boulevard qui a séduit tous ceux qui ont connu notre ville, ce boulevard, ce haut lieu de la vie blidéenne: qu' est-il??

Dans les premiers temps, cette voie de circulation s'appelle Rue Bab El Sebt, on trouve son nom dans un document officiel  du 1/30/1877 concernant la construction des trottoirs et Henri Gascon dans "Excursion à Blida" de 1896 nous parle encore de la rue Bab-El-Sebt.

On peut même voir sur certaines cartes postales anciennes qu'elle a aussi été appelée Avenue de la Gare, (aucun document officiel ne fait cependant référence à ce nom), son dernier nom est celui de Rue lamy que nous avons connu.

N'oublions pas qu'elle était aussi la Route Nationale 1 dans sa traversée de Blida..

Son premier tracé apparaît sur un document de 1841.

Laissons la parole à Pierre Cazenave, ancien directeur d'école et grand connaisseur de l'histoire de notre ville: il raconte la rue Bab El Sebt dans ce texte de 1910.

 

« La rue Bab-El-Sebt, dénommée à présent rue Lamy, portait le même nom que la porte à laquelle elle aboutissait. Elle avait été, comme la rue d'Alger, formée par la route nationale d'Alger à Oran, mais on peut dire, qu'en dehors de cette communauté d'origine, il n'existait entre elles, surtout au point de vue de leurs constructions, que de forts rares traits de ressemblance. Ainsi, tandis que la rue d'Alger, présentait un bien joli coup d'oeil et possédait de chaque côté, maisons et trottoirs, la rue Bab-El-Sebt se faisait remarquer par une toute autre physionomie.

Son côté gauche, entièrement dépourvue de trottoirs, offrait à la vue un long mur construit sur l'alignement de la bordure de la Place d'Armes et servant à clore la cour qui se trouvait derrière l'ancienne église et le vaste emplacement sur lequel étaient édifiées les bâtiments militaires qui s'y trouvent encore, l'exception, pourtant, du local dénommé maintenant « Salle d'Honneur du 1ier Tirailleurs » qui fut construit plus tard et où fut primitivement installée l'école de tir. Il fut mis ensuite à la disposition de l'école de la société de Gymnastique La Blidéenne, que présida, pendant de longues années, avec autant d'autorité que de dévouement, l'honorable M.Guisoni.

Quant au mur de clôture, il fut démoli plusieurs années après, et on le retrouve, tel qu'il était , à l'endroit où il a été reconstruit.

Son côté droit avait en réalité toute l'apparence d'un véritable côté de rue et, en effet,habitations et trottoirs s'y montraient régulièrement construits; mais je m'empresse d'ajouter que les constructions bordant la rue ne devaient pas dépasser la limite assignée, c'est à dire aller au delà de la maison dont une partie est actuellement occupée par l'étude de M° Gonzalvès, huissier.

Ainsi en avait décidé l'Administration Militaire pour des raisons que je vais vous faire connaître, telles qu'elles m'ont été données à moi mêmes par une personne digne de foi.

Sur toute la longueur de l'autre partie de la rue s'étendait un vaste terrain entièrement disponible et de forme à peu près carrée. Il était, à défaut d'un autre plus convenable, tout naturellement indiqué pour y installer un parc à fourrage dont l'emplacement choisi, en face des magasins à orge, devait nécessairement se trouver à une distance voulue de la route et de toute habitation avoisinante.

Ce fut donc pour se conformer à cette condition de distance, et par mesure d'une sage précaution, qu'avait été arrêtée la construction de la rue à la limite que j'ai indiquée, afin que la dernière maison se trouvât suffisamment éloignée du parc et hors de toute atteinte en cas d'incendie.

Mais les jours de ce malheureux parc étaient comptés, me dit un témoin oculaire et il ajouta: « Le 1ier juin 1848, un incendie s'y déclara et malgré les secours assez rapidement organisés et auxquels prirent part les pompiers d'Alger accourus en grande hâte, toutes les meules devinrent la proie des flammes. »

Cet effroyable incendie qui dura onze jours, avait causé la destruction du parc et provoqué en ville une profonde émotion; il n'avait pas eu , fort heureusement d'autres suites fâcheuses, grâce à la sérénité que conserva la plus grande partie de la durée du sinistre.

L’autorité militaire, en présence d'un pareil événement put se rendre compte du danger que peut faire courir à la population l'établissement d'un parc à fourrage dans l'intérieur d'une ville: elle n'hésita pas à prendre l'excellente résolution de faire construire extra-muros, un nouveau parc dont l'éloignement de la ville réalisait le désir exprimé par toute la population de Blida et lui permettait enfin de vivre dans une entière sécurité.

Le terrain que le déplacement du parc avait rendu entièrement libre fut déblayé et devint un petit champ de manoeuvres où nos braves turcos allaient faire l'exercice. Il servait aussi de lieu de campement aux troupes de passage et comme aucune clôture n'empêchait l'accès , les troupeaux de boeufs et de moutons, se rendant au marché de Boufarik , y passaient eux aussi, la nuit du samedi, et le lendemain ils continuaient leur route en traversant les rues de Blida, comme cela se pratiquait à cette époque.

A proximité de la porte, l'Administration avait fait construire un bassin abreuvoir, alimenté par un robinet qui versait abondamment de l'eau de la rivière, la même du reste que celle qui coulait dans les fontaines publiques de la ville et que l'on buvait à défaut d'autre plus saine et plus limpide.

Rien n'y avait été changé: la construction de la rue était restée inachevée. En somme, la rue Bab-el-Sebt avait conservé une physionomie peu attrayante et se trouvait telle que je l'ai connue il y a cinquante ans. » » 


Le TELL du 22/12/1910

Le TELL de janvier 1877

Plan de 1841

En réalité, la confusion est souvent faite entre la rue Lamy et le boulevard Trumelet.

Sur ces 2 cartes,  on voit principalement la rue mais c'est le boulevard qui est mentionné; il n'est pas encore pavé (cartes antérieures à 1905)

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Avec ses orangers, le boulevard présente une originalité qui fait son succès auprès des voyageurs: tous, connus ou anonymes ont fait part de leur étonnement et de leur admiration devant ces arbres en pleine ville.

L'oranger est aussi présent dans les armes de Blida.

C'est en 1866 que les premiers orangers sont plantés sur le boulevard. On peut lire sur le sujet l'article de P. Cazenave paru dans le Tell du 22/12/1910.

Après leur plantation et un départ difficile, quelques soins furent nécessaires pour les aider à s'épanouir pour le plus grand plaisir de tous les habitants. La production d'oranges devint suffisamment importante pour être vendue tous les ans aux enchères.

Avenue de la Gare?? Les orangers paraissent en bonne santé,  les trottoirs sont faits et la banque de l'Algérie pas encore construite.

Un peu plus tard, la banque n'est toujours pas construite, quelques orangers semblent "fatigués",des attelages circulent toujours.

La banque de l'Algérie est présente, elle n'a pas encore son jardin et les arbres du boulevard  ont été changés.

Sur cette carte datée de 1931, les arbres ont un plus grand développement, le boulevard semble avoir un revêtement et le jardin de la banque est plus important.

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Mais en 1910, une inquiétude s'empare à nouveau de la municipalité devant le dépérissement des arbres. Une commission est alors chargée d'étudier les causes et de proposer des solutions.

Le journal Le TELL se fait l'écho de ces inquiétudes et de nombreux défenseurs des orangers se manifestent dans les colonnes du journal et proposent eux aussi leurs solutions .

On peut lire aussi cette lettre de ce "fonctionaire" qui de St Jean de Luz s'inquiète de l'état de nos orangers.

La commission dirigée par Mr Combredet rend le résultat de son enquête et propose 3 solutions.

En étudiant les différentes causes possibles (état du sol alentour, irrigation), il faut peut être rappeler que la rue Lamy a été pavée en 1905. Se peut-il que cela ait perturbé l'hygrométrie du sol??? On ne le saura jamais.

Pourtant, si l'on en croit l'article de Pierre Cazenave de mai 1911, les premières actions entreprises pendant l'hiver précédent semblent avoir eu quelques effets bénéfiques mais de courte durée car dès 1914 le problème est à nouveau soulevé.

Dans la chronologie des évènements et dans les documents retrouvés, on note qu'au moment du goudronnage du boulevard au mois d'août 1921, la gène possible causée aux orangers est à nouveau posée.  Pour en savoir un peu plus sur la suite des évènements, laissons la parole à Ernest Mallebay qui raconte, dans "Cinquante ans de journalisme", son arrivée à Blida en 1880 et nous parle des orangers, de leur remplacement par des frènes et finalement la plantation des bigaradiers que nous avons connus.

 

Les Blidéens ont bien compris que l'arbre, aux fleurs d'argent et aux fruits d'or, est une joie pour le regard, et pour l'avenir de leur cité la plus originale des parures. Afin que les touristes puissent l'admirer à leur aise sans aller dans les jardins de la banlieue, ils avaient planté, dans l'artère principale, une double allée d'orangers devenus superbes avec les années. Cette allée était justement l'orgueil de la jolie cité. Jugez de l'émoi général lorsqu'un jour ces beaux arbres se mirent à dépérir sans qu'on sût exactement pourquoi ! Les horticulteurs consultés n'y comprenaient rien et ne purent conjurer le mal. Le dépérissement s'accentuait d'une saison à l'autre. Ils devinrent si languissants, si chétifs, qu'il fallut les arracher et, comme on craignait que toute plantation nouvelle de la même essence eût un sort pareil, on remplaça les orangers par des frênes.
---------Le résultat fut piteux : quelques journées de sirocco grillèrent les maigres panaches de feuillage que le printemps avait fait naître, les feuilles rouillées tombèrent, et les jeunes baliveaux ressemblèrent à des manches à balai.
---------Il fallut procéder au remplacement de cette plantation malencontreuse. Cette fois, la municipalité, mieux inspirée, ne s'obstinant pas dans une erreur et comprenant qu'il fallait abandonner les essences des pays du Nord, carrément revint aux orangers tant regrettés. Toutefois, et sur le conseil de gens compétents, elle planta, non des orangers greffés, mais des francs de pied qui offrent plus de résistance aux maladies parasitaires et dont les fruits immangeables par leur amertume, devaient rebuter la gourmandise des maraudeurs.

Cinquante ans de journalisme - Ernest Mallebay 


Article en date de novembre 1914: la qualité du document n'est pas excellente mais on lit que "notre avenue est citée comme l'une des plus belles d'Algérie dans les prospectus de voyage d'Angleterre"

 

Carte 01

Carte 01 Bis

Carte 02

Carte 03

Sur ces cartes postales représentant la façade de la banque de l'Algérie, on voit les arbres du boulevard à différents stades d'évolution. . Sur la Carte 01, les arbres semblent encore en bonne santé et il n'y a pas de végétation devant l'entrée de la banque. Sur la carte 01 bis, on s'aperçoit que les arbres viennent d'être changés

Sur la carte 02, où le petit jardin de la banque a évolué, les arbres du boulevard sont bien maigres. Seraient-ce les frènes dont parle Mallebay?? Et sur la carte 03, le jardin de la banque a bien évolué et on voit sur le boulevard que  les arbres ont belle allure (les bigaradiers?) , il y a d'ailleurs une bordure ronde en ciment autour de leurs pieds.

 

Extrait d'un article de janvier 1870

Mais notre boulevard  n'est jamais à court d'idées pour se distinguer;  pendant 2 ans, à partir de 1947 après le dépavage de la rue, nous avons eu droit à la visite bi-quotidienne de la Micheline qui arrivant d'Alger, déposait ses voyageurs en centre ville. On peut lire par ailleurs toutes les polémiques qui ont été provoquées par cet évènement.  Finalement les dangers présentés par la Micheline eurent raison de ses petites visites sur notre boulevard.

  

 

Un autre évènement incontournable et inoubliable: la sonnerie au drapeau, moment d'émotion où toute la population présente sur le boulevard se met au garde à vous lorsque retentit le clairon de la caserne Blandan au moment du lever ou du baisser des couleurs.

 

 

 

 

A  cette époque, le Grand Café Glacier occupe l'angle du boulevard (les Galeries de France s'installeront plus tard) et de la place d'Armes , l'horloge se trouve côté rue Lamy

  

 Alors que nous l'avons connue de l'autre côté!!!!  Ce changement est peut être lié à l'incident relaté par le TELL du 25/2/1911!!

Tous les évènements  importants de Blida   avaient pour cadre, à un moment ou à un autre, le boulevard des orangers.

On y a vu les défilés militaires, les retraites aux flambeaux et des visiteurs célèbres.

Visite du Président Loubet

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Notre Dame d'Afrique

 

Rue  Gueydon (ex rue du Grand Café)


Café " La Paix"
Pharmacie "Veyrunes???"

Crédit Lyonnais

Journal??
Foyer Garnison
Droguerie Vve Côte


Rue des Coulouglis

Ismaélia "Arts orientaux" Ben Omar   ?????????
Café  ( Pérez )
Tailleur Rouch

Rue Saadi

Pâtisserie Diener
Banque Algérie

Rue du Petit Thouars (ex rue du Marché)

Coiffeur (Seyes)
Chapeau - vêtements d'enfants (Mallar)
Pharmacie Akoun
Quincaillerie Schinker
Café Biglia

Rue Carnot (ex rue Grande)

Imprimerie Klein / Fleuriste Chanel
Salvano Meubles
Peinture Capomaci / Grainetier Soler
Modiste Mlle Serra
Bijouterie    BELMAR   Marcel  BELICHA

Rue Choulet (ex rue Bleue)

Hôtel Gironde
Compagnie Algérienne
Garage Peugeot ( Clément)


Rue Valée (ex rue Rouge)

Sous préfecture
Pâtisserie Stoéri
Café Le Damier

 

 

Rue Capitaine Hilaire ou  

rue des calèches

Kiosque Kortebit

Abri Micheline

 

 

 

 

 

 

Caserne Blandan

 

 

 

Entrée subdivision militaire

 

 

 

Stade basket FCB

 

 

 

 

 

Blidéenne

 

 

 

 

PLAN DE BLIDA DE 1870