La GLACIERE  ou   LES GLACIERES

 

Alger-Journal-Blida-Hôtel des Glacières du 31/01/1911

Situées à 1200 m d'altitude sur la route de Chréa, leur vocation initiale avait disparu depuis longtemps mais leur renommée subsistait. C'était une halte quasi obligatoire pour profiter d'un brin de fraîcheur avant d'attaquer la fin de la montée vers Chréa.

Deux textes de Mrs Darnatigues et Ernest Mallebay nous les racontent.

Lire aussi  celui de Jean Rigal  (1906)

Un aute texte de 1906 de Y.Amar

Le TELL du 23/02/1910

Un article du Sémaphore algérien du 22/6/1913

 Vers les Glacières (Octobre 1906)

 Les cartes postales de La Glacière

Vente des Glacières à la ville de Boufarik en 1931

 

 

 

Raymond Darnatigues :"

L'installation de la redoute de TALAZIT en 1840 a permis à quelques européens téméraires d'exploiter des glacières (metmeur el teldj) près des sommets dans des parties très enneigées l'hiver.

M. DELAVIGNE en 1843 a occupé l'ancienne redoute de DJEMAA ED DRAA. En 1850-1855 M.LAVAL exploite des glacières sur le territoire des KERRACHS appelées pendant longtemps les glacières LAVAL (voir ci-dessus)

Carte  Etat Major 1928

 

     

La cédraie        et       la châtaigneraie

Il a créé ensuite une Cédraie et une Châtaigneraie devenues depuis très belles, un hôtel réputé repris par la suite par M. CASTAN ; en 1945 cet établissement sera acheté par la ville de BOUFARIK qui installe une colonie de vacances : le Petit Boufarikois à la Montagne.

Le long du sentier qui menait des Glacières à CHRÉA, on pouvait voir encore les bases de ces glacières creusées dans le sol. Dès les premières chaleurs dans la plaine, 4 tonnes de cette glace étaient transportées chaque jour, à dos de mulets à BLIDA et jusqu'à ALGER par d'autres moyens.

Je me souviens encore de ma première montée aux Glacières, pendant l'été 1916, bien calé dans l'une des poches du chouari fixé sur le dos d'un mulet, les bagages faisant contre poids dans l'autre poche. L'hôtel des Glacières était tenu, à l'époque, par M. CASTAN. C'est à peu près à cette date que fut ébauchée la route carrossable par une main d'oeuvre composée en majeure partie de prisonniers allemands. En 1923, cette route aboutissait aux Glacières.

      

 

 

A l'automne pointaient toutes sortes de champignons : coulemelles, girolles, cèpes de cèdres et, vers les glacières, cèpes, ammonites royales, truffes. M. GIRARD, l'un des premiers hôteliers de la station, affirmait qu'il n'y avait pas de champignons vénéneux dans cette forêt. M. BISCOS, spécialiste dans la recherche des champignons, en avait inventorié une grande variété.

 A  propos de la Glacière, Ernest Mallebay  écrit dans "Cinquante ans de journalisme" :

Dans la montagne:

...... Quand, de la Glacière, on montait, par une piste en lacets jusqu'à la forêt des Cèdres et qu'on y était arrivé, il était impossible de n'être pas frappé par la beauté sauvage de ces solitudes silencieuses. On se sentait vivifié par l'air balsamique qui palpitait sous les dômes de ces arbres vénérables et charmé par l'immensité du panorama qui se déroulait aux pieds de l'excursionniste. C'est toute la plaine de la Mitidja qu'il embrassait d'un seul regard avec, comme toile de fond, la Méditerranée d'un bleu cru.

Nous restions généralement à la Glacière pour y déjeuner avec les provisions apportées dans notre gibecière. Très souvent, nous y ajoutions un couple de perdrix embrochées par une baguette et rôties sur la braise d'un feu de lentisques. Notre appétit était si bien aiguisé, que chacun mangeait sa perdrix, sans laisser autre chose que les os. Le chien de Michaud, Filou, un Saint Germain dont l'arrêt était remarquable, ne laissait lui, pas une miette de ces derniers.

 

La Glacière et le Père Laval.

La Glacière qui fournissait aux Blidéens la glace qu'ils consommaient en faible quantité, car l'eau de Blida, renommée pour sa fraîcheur idéale, ne leur en faisait pas éprouver le besoin, la Glacière, dis-je, est un lieu quasi historique. Dans ses citernes et ses galeries souterraines, les montagnards berbères du temps des Deys, accumulaient les neiges hivernales qu'ils tassaient fortement. L'été venu, ils les transportaient à dos de mulet, jusque dans les cuisines royales.

Des glaciers florentins, anciens esclaves affranchis, en récompense de leur habileté, confectionnaient  avec cette neige agglomérée, les exquis sorbets aux fraises ou aux framboises, que le souverain dégustait en compagnie des favorites grecques ou franques de son harem.

Ving ans après l'occupation française, la Glacière échut à un blidéen, le père Laval, dont les vieux habitants ont gardé le meilleur souvenir. Ce brave homme était propriétaire d'un café, sous les arcades de la place d'Armes, du même côté que l'imprimerie Mauguin. Dans ce café et ses dépendances abritant le cercle  militaire, dans ce café dis-je, comme à l'Apollon d'Alger et au Helder de Mustapha - ce dernier disparu depuis une trentaine d'années - défilèrent toutes les célébrités militaires de la conquête.

Le père Laval, au fort de l'été, recevait deux fois par semaine, apportée par ses muletiers kabyles, la neige pilonée, qu'avaient si souvent reçue les Deys d'Alger. Il s'en servait pour préparer les glaces à la vanille et au moka, dont la réputation s'étendait au loin; les familles venaient les savourer les soirs où la musique donnait ses concerts.

Les glaces et les sorbets du café Laval, dont raffolaient les Blidéennes, n'étaient pas, pour beaucoup d'entre elles, le seul attrait de ses séances de dégustation. Il y avait pour les plus jeunes, celui de la présence des fringants officiers de chasseurs de la garnison...............

 

LE TELL 4/8/1897

Texte extrait du Tell du 23 Février 1910

 

 

 

 

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